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Ce troisième album de l'ère Morse (Steve bien sûr. Avec tous ces Morse sur la banquise progressive, on commence à s'y perdre un peu) était des plus attendus par les fans (dont je fais partie) du groupe. Après l'éclectique "Purpendicular" (1996) et le plus compact "Abandon" (1998), qu'allait bien nous réserver le Deep ? Le titre ridicule et la pochette de mauvais goût n'inspiraient rien de bon, d'autant que le fondateur du groupe, Jon Lord, avait pris sa retraite l'an passé... Deep Purple cuvée 2003 se réduit en définitive à un seul membre d'origine, le batteur Ian Paice, augmenté du vieux couple Ian Gillan (chant, harmonica) / Roger Glover (basse) et de la paire soliste Steve Morse (guitare) / Don Airey (claviers).
Rien à voir donc avec le combo psychédélique de "Book of taliesyn" (1968) ou celui plus bluesy-soul de "Burn" (1974), n'est-ce pas ? Même avec les "classiques" hard-rock que sont "In rock" (1970) et "Machine head" (1972), "Bananas" n'a
pas grand chose en commun. Exit les solos incandescents et "classisants" de monseigneur Blackmore, bonjour le style détendu et sudiste de monsieur Morse ! "Bananas" n'est pas vraiment un album de hard-rock, mais plutôt un disque de classic-rock décontracté où le vieux Deep fait montre de toute l'étendue de son art. On aurait pu penser que l'absence de Jon Lord ferait cruellement défaut au son du groupe, mais il n'en est rien! Don Airey est un sacré virtuose des claviers qui a su recréer les sonorités typiques d'orgue hammond de papy Lord. Pour la première fois de sa carrière, Purple dispose d'une production à la hauteur de son talent : un véritable producteur du nom de Michael Bradford a été embauché pour relifter le son du groupe. Ce gars, fan de longue date du pourpre profond, co-signe 2 titres de "Bananas" avec Ian Gillan : le rock entraînant (et peu imaginatif) d'ouverture "house of pain", ainsi que le sublime blues atmosphérique de 7mn "walk on". Les autres morceaux sont des compositions collectives (sauf le court instrumental de Morse "contact lost") issues de jams. Car il faut que je vous narre le processus d'écriture chez Purple. Les musiciens rentrent chacun en studio avec des idées, mais sans aucun morceau définitif. Ils jouent les uns avec les autres, développent leurs idées pendant que Roger Glover fait tourner l'enregistrement. La nuit Roger revient en studio, il écoute les jams puis il "fabrique" les chansons qui seront retravaillées le lendemain, etc... La plupart des titres sont de franches réussites, percutants mais jamais métalliques, rock mais rarement simplistes, ils développent des parties instrumentales alambiquées (progressives quoi !) typiques de Steve Morse. Ainsi "pictures of innocence", "I got your number" (deux titres co-signés par Jon Lord) ou "bananas" offrent des cascades guitare/claviers à couper le souffle. "Sun goes down" et "silver tongue" sont des compositions aux mélodies étranges lourdes et captivantes, quand "never a word" valorise une sorte de folk médiéval à la Gentle Giant. Deep Purple mise sur son single, la ballade "haunted" qui déjà suscite la polémique dans les rangs des afficionados du groupe. "Quoi, des cordes sirupeuses, des choeurs féminins, des ambiances country, mais Deep Purple est-il tombé sur la tête ?" Peut-être bien, mais qui ne tente rien n'a rien... C'est en tout cas une jolie chanson... Je ferais l'impasse sur les insignifiants "razzle dazzle" et "doing it tonight", mais que voulez-vous, dans un bon album il faut toujours une ou deux petites merdes pour valoriser le reste. "Bananas" est, à l'instar de "Purpendicular", un très bon disque à défaut d'être un "classique".
Cousin Hub
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