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Venu d'Irlande, Dead Heroes Club s'inscrit dans la lignée de certains groupes de rock dit "néo-progressif" apparus vers la fin des années 80. Entendez par là qu'il s'agit ici de morceaux le plus souvent assez longs mais qui présentent finalement un mélange de rock et de pop plus ou moins conventionnel et des développements plus conséquents que la normale, des parties instrumentales plutôt développées, encore que sur ce point, DHC laisse quand même une grande place au chant.
La dimension symphonique proprement dite, les influences classiques sont absentes, alors que l'on trouve quelques échos jazzy ici et là, notamment au travers de solos d'orgue Hammond et de piano. Parfois, on remarque une teinte légèrement folk, dans ce que ce genre possède de plus accrocheur et joyeux. Côté instrumentation, le groupe est un quintet classique avec chant, guitares, claviers, basse et batterie. Ainsi, pour les moins connaisseurs des années 70 et 80 parmi nous, Dead Heroes Club rappellera parfois certains morceaux de Guy Manning ou même Parallel Or 90°, mais aussi et surtout des formations plus anciennes comme les Australiens d'Aragon ou les Anglais de Grace. Le chanteur/claviériste Liam Campbell possède cette note tout à fait écossaise dans le timbre et la façon de chanter, qui rappellera inévitablement Fish et même Les Dougan d'Aragon, le côté extrême en moins. Un comble puisque le groupe est irlandais…
Les points forts de Dead Heroes Club sont leur sens mélodique, ainsi que leur enthousiasme évident et assez contagieux, la plupart du temps. Malgré la longueur conséquente de la plupart des morceaux (9 à 15 minutes pour quatre d'entre eux, deux morceaux ne faisant que 4 minutes), il n'y a guère de sections lentes ou même sans percussion. Mis à part quelques riffs un peu évidents et répétitifs (comme sur le bref "the centre cannot hold"), les morceaux sont fluides et bien construits, bien que dénués de la moindre surprise. Le dynamisme du groupe, soit dit en passant, n'empêche pas une certaine subtilité et des passages plus mélancoliques. C'est notamment dans cette introduction de la longue pièce finale qui donne son titre à l'album que Liam Campbell est le plus inspiré, le plus touchant.
Parmi les points faibles il y a évidemment cet air de déjà entendu pour la plupart des connaisseurs du rock progressif, également un son assez lisse, manquant de contraste et de relief, et les claviers manquent définitivement de profondeur : le piano est trop évidemment électronique, l'orgue Hammond pas si bien imité et les sempiternels sons tourbillonnants de minimoog sont trop communs. Les nappes censées orchestrer le tout sont à peine audibles et manquent vraiment de consistance. Les guitares sont alternativement rock, et puis cristallines, parfois acoustiques, mais ce sont surtout les belles envolées mélodiques de Gerry McGerrigal qui retiennent l'attention, encore que là aussi, le groupe semble voué à reproduire le son des années 80, avec ses limites et ses défauts.
Un point important pour ceux qui s'y intéressent vraiment sont les textes réalistes, inspirés et accessibles. Liam Campbell se place dans la tradition des chanteurs-conteurs avec souvent une touche satyrique, ou critique sur ses contemporains.
À la lecture de cette chronique vous aurez, je l'espère, compris ce que vous pouviez ou non attendre de Dead Heroes Club sur ce premier album… Les amateurs de nouveautés et de sensations fortes n'auront probablement pas envie de lui accorder leur attention, de même que les vieux connaisseurs plus ou moins blasés comme votre humble chroniqueur, mais je vous invite néanmoins à jeter une oreille attentive au moins une fois à cet album faussement commun dans le genre progressif, qui se distingue par son chanteur charismatique et ses mélodies entraînantes.
Marc Moingeon
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