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Pour la majorité des gens, Abel Gance (1889-1981) est un réalisateur visionnaire de films muets, puis parlants en noir et blanc, du début du vingtième siècle. On lui doit quelques fresques historiques comme "Napoleon", "J’accuse" ou "Marie Tudor"… Pour le progster, Abel Ganz est un obscur groupe neo-prog écossais des années 80 ayant eu en son sein l’actuel chanteur de Pallas, Alan Reed. Pour ma part, je n’ai jamais eu l’occasion (ni l’envie) d’écouter leur musique. Comme vous ne connaissez pas plus Abel Ganz que moi, je vais vous éclairer. Le groupe a été fondé à Glasgow par Hew Mongomery (claviers) et Hugh Carter (basse) en 1980. Influencés par Yes et Genesis, ils recrutent Malky Mc Niven (guitare) et Kenny Weir (batterie). Après une première démo, ils s’adjoignent les services d’Alan Reed pour leur premier album "Gratuitous flash" (1984). Reed et Mc Niven quittent le groupe, remplacés par le chanteur / guitariste Paul Kelly. Alors que Carter est remplacé par le bassiste Gordon Mackie, Abel Ganz publie "Gullible’s travels" (1985), puis "The dangers of strangers" (1988) avec le retour d’Alan Reed au chant. Après de multiples remaniements, Abel Ganz, sous la houlette de Carter, publie un album de rock FM "Deafening silence" (1995). Le groupe splitte une nouvelle fois, se séparant en deux entités : Empire et Abel Ganz, avec Carter et Montgomery aux commandes. Ce n’est qu’aujourd’hui, soit 13 ans plus tard (!), qu’un nouvel album voit le jour et je dois dire qu’il est particulièrement réussi !!! "Shooting albatross" ne contient que 4 morceaux (+ 1 caché) pour près de 80mn de musique. Autant dire qu’on est loin du néo prog des débuts. Le line-up a évolué autour de Carter et Montgomery. Déjà Carter a laissé sa basse à Stevie Donnelly pour se consacrer aux guitares acoustiques, claviers, percussions et chœurs. A la guitare électrique on découvre Davie Mitchell ; à la batterie, Denis Smith ; au chant et aux guitares Stuart Mc Farlane. "lookin for a platform" (15’06) est un très beau morceau d’ouverture, celtique et bucolique, typique du travail d’Antony Phillips où nous enchantent les arpèges de guitare 12 cordes. Le seul problème, c’est le chant. N’est pas Alan Reed qui veut : Stuart n’a pas de voix. Il chantonne d’une voix de fausset mal assurée, comme une mauvaise imitation de Jon Anderson. C’est pourquoi, à l’écoute du second morceau, l’épique "so far" (23’31 !!!), je ne comprends pas… Le chant est superbe, bien posé, ample et avec un vibrato attachant. A tel point qu’on dirait Alan Reed… Et bien oui, c’est bien Reed qui chante !!! Et ça change tout. Ce titre est remarquable, fabuleux et fusionne tout ce qui s’est fait de bien au Royaume-Uni ces 25 dernières années. Folk, prog symphonique et néo s’unissent pour flatter nos esgourdes ouvertes. Le 3ème titre, "sheepish" dure 13mn ! Le chant de Stuart est mieux posé que sur "looking…" et évoque presque Starcastle. La chanson est plutôt accrocheuse avec un riff de gratte bien carré. Elle se développe avec de beaux soli de guitare électrique, acoustique et d’orgue. Yes n’est vraiment pas loin et le sourire se lit sur mon visage. "ventura" s’ouvre par des arpèges radieux de guitare acoustique et de la flûte. Les synthétiseurs versatiles font leur apparition, de même qu’un chant polyphonique doux. Abel Ganz se caractérise ici par un prog symphonique champêtre digne des premiers Genesis. Je suis emballé, envoûté alors que la guitare transcendante de Mitchell porte haut la flamme du lyrisme. Le morceau caché, d’une durée de 4mn, sur la même plage que "ventura", est acoustique sans batterie où Stuart chante (mal) une belle mélodie sur fond de violoncelle et arpèges. Je ne croyais pas à la reformation de ce groupe et j’avais tort une fois encore ! Faites-vous votre propre idée, mais vous ne serez pas déçu de ce "Shooting albatross"..
Cousin Hub
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