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Préambule : cet article, le 4ème de la série entâmée par notre ex-collaboratrice Laure, regroupant une quinzaine de chroniques aurait dû paraître dans le n°73 mais a été "oublié" par le rédac' chef. Le ton un peu particulier de notre amie n'y étant sûrement pas pour rien, celle-ci finit, faute de trouver son public, par jeter l'éponge. Le rédac' chef d'alors (à Laure !) aussi d'ailleurs. S'il n'est pas prog à 100%, il contient cependant des chroniques d'albums qui se rattachent totalement au genre et qui n'ont malheureusement pas été traitées ultérieurement dans le magazine. Ceci explique sa parution aujourd'hui.
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QUE DE QUEUES, LAURE, DANS CETTE PISCINE !
Je vous l'avais bien dit le trimestre dernier que j'allais prendre mon pied à la piscine. Et en grosse gourmande (parce que les nageurs sont quand même bien bâtis), j'y ai tellement traîné que j'ai bien failli loupé ce numéro 73. C'est le boss qui m'a ramené sur terre au lendemain même de la journée de la femme : "dis-donc, ma cocotte, on boucle dans 3 jours, fini de faire joujou, faudrait p't'être penser à remuer ton gros popotin maintenant et te remettre au boulot !". C'est donc en 4ème vitesse que je me suis attelée à la tâche, ce qui explique que cet article est probablement encore plus mal écrit que les précédents. De plus, pour compliquer la chose, des imprévus sont venus se greffer à mon plan de travail initial.
Ararat – Musica de la resistencia (cd – Meteor City)
Le premier porte le doux nom d'Ararat. Je ne vais pas vous faire un cours de géographie sur la signification du terme quand même. Si ? Ah bon. Alors Bruno et Renaud vont vous dire : "ouais c'est un joli domaine locatif à 18km de chez nous" (et oui, c'est un scoop, ils sont ensemble !). Certes ... mais sans vouloir vous vexer les p'tits gars, la plaque tectonique niçoise n'est pas le nombril du monde quand même ! Je crois plutôt que c'est à celle située aux frontières de l'Arménie, la Turquie et l'Iran , sous le mont Ararat, à laquelle pensait Sergio Chotsourian, l'homme qui se cache derrière cette montagne. Et vous allez rire mais si le bonhomme est probablement d'origine arménienne avec un nom pareil, il est en réalité ... argentin, mais probablement pas argenté car il fait tout tout seul et distribué par un minuscule label underground. Et ce n'est pas avec moi que le pauvre garçon va s'enrichir car son disque, je ne l'ai pas payé. Il était en cadeau dans une commande passée chez stonerrock.com.
Mais dîtes, vous êtes curieux comme une vieille chouette ! Dans la commande il y avait Monkey 3 (dont Michael vous a parlé dans le n°62 et dont nous reparlerons le trimestre prochain), Hypnos69 (dont mon Hubinouchet vous a vanté les mérites dans le 63) et l'excellent First Band From Outer Space (que Daniel, je crois, vous ordonne d'acheter un peu plus loin dans ce même numéro). Vous savez tout. On peut continuer ? Bon !
Honnêtement j'ai posé ce disque avec une infinie précaution sur la platine, m'éloignant à 300 m des bafles car je m'attendais à une secousse d'une magnitude telle que toute l'équipe du Koid9 réunie ne sera jamais capable de me donner, d'autant qu'avec son groupe principal, Los Natas, il ne fait pas dans la dentelle. Quel étonnement d'entendre alors une sorte d'incantations sur une basse et une batterie très free dès les débuts de "Gitanoss". Plutôt pas mal mais on finit par se demander si l'album va débuter. 13 minutes plus loin on commence à avoir peur que tous les titres soient du même tonneau et on s'apprête alors à souffrir mais pas pour les raisons attendues au départ. Ca risque d'être un peu long quand même ... et paf, surprise, dès "Dos horses" on pénètre dans un disque à base de guitare acoustique, souvent même nylon, hyper calme et beau comme une chute de reins, très ancré dans la musique espagnole/sud-américaine mais que la réverbération et les nappes de piano raccrochent à une certaine forme de space-rock. Complètement hallucinant et halluciné ce disque est un peu hors du temps, quelque chose dont auraient pu se rapprocher des Amon Düül ou Can s'ils avaient été enfants de gauchos plutôt que gauchistes allemands. Allez, je risque une étiquette improbable : un excellent disque de flamenkrautrock !
( www.ararat-music.com )
Sula Bassana – The night (cd – Sulatron Records)
Dans le genre allemand, barré et en route pour une autre planète je vous conseille Sula Bassana et son "The night", du space-rock pur jus. Derrière ce nom se cache un seul homme, Dave Schmidt, qui fait tout tout seul, à l'exception du texte et du chant sur "The night pt 2", oeuvre de Stefan Koglek, du groupe Colour Haze, une des très rares parties chantées du cd. Je sais que ce côté multi-instrumentiste en agace certains et il faut bien reconnaître que le résultat n'est pas toujours heureux, mais ici cela ne m'a absolument pas gênée, pour tout dire je n'ai pas vu la différence avec un "vrai" disque de groupe.
Cela ne vous étonnera sûrement pas que le garçon soit scotché sur la fin des années 60 et aube des 70. On navigue donc en espace inter galactique connu : "Lost in space" est du Pink Floyd sous LSD millésimé 67 pur jus tandis les 16 minutes de "Kosmokrator" fleurent bon le Hawkwind des grandes heures. Décors planants, guitare fuzz, loops de synthés, envolées hypnotiques : ce sont 50 et quelques minutes de pure ambiance psychédélique, zone de transit d'une aérogare desservant des galaxies lointaines. Dépêchez-vous, la capsule va décoller.
Certes il n'a rien inventé, mais invente-t-on encore beaucoup de choses dignes d'intérêt en musique ? L'homme est dans son trip et il le vit plutôt bien. Franchement, je préfère 100 fois ce genre de voyages à des Hawkwind ou Gong un peu fatigués. Ah j'oubliais. C'est produit par Eroc : c'est peut-être un détail pour vous mais pour d'autres ça veut dire beaucoup.
( www.myspace.com/sulabassana )
Priestess – Prior to the fire (cd – Tee Pee)
L'autre invité surprise par rapport à la liste que je m'étais fixée est Priestess, un groupe de Montréal (au Québec ... pas en Ardèche !). En fait, avant le concert de Bigelf en février à la Maroquinerie dont ils assuraient la 1ère partie, je ne connaissais rien de ces gens-là. Après le concert non plus d'ailleurs ! Je ne sais pas si c'est la salle qui veut cela mais la coïncidence est troublante : le seul concert auquel j'y avais assisté, il y a de cela quelques années (Dead Soul Tribe / Threshold) avait également un son épouvantable. De Priestess je n'ai retenu qu'un batteur véloce tapant dans tous les sens (genre celui des Muppets) et un magma de type grondement sonore généré par 2 guitares et une basse pachydermiques. Un des guitaristes, l'autre aussi ainsi que le batteur sur un titre, paraissait remuer les lèvres devant le micro. J'ai donc supposé qu'il y avait du chant ! Pour Bigelf, soit dit en passant, ce n'était guère mieux, mais en connaissant les titres au préalable et en tendant bien l'oreille on arrivait à distinguer des choses familières. Franchement, j'en ai vraiment ras le bol de ces concerts "brouhahatiques". Je vais finir par rester chez moi à mâter des dvd ... à défaut du voisin en train de faire un strip derrière sa fenêtre ! Ce qui me tue, c'est que je ne dois pas avoir les mêmes oreilles que tout le monde car les gens ressortent toujours heureux de ces concerts ! Va comprendre !
Bon, pour en revenir à Priestess, une petite voix intérieure me poussa malgré tout à acheter l'album soupçonnant quelque chose, aidé en cela par un prix bien modeste (10 Euros) pour un joli digipack. C'est donc dans le confort de mon salon que j'ai pu découvrir que la musique était plutôt metal. A vrai dire, je ne sais pas ce qui m'a influencé mais je m'en doutais un peu, quand même ! Quand je dis metal, c'est un peu à l'ancienne pour les schémas et la construction des titres avec le côté stoner actuel pour le son et les riffs de mammouth : le Black Sabbath des morceaux plus rapides revu à la sauce Grand Magus / Spiritual Beggars d'aujourd'hui.
Le chant reste assez mélodique, toutes proportions gardées, il n'est en tout cas jamais gueulard ou criard mais on devine tout de même les limites vocales du chanteur (désolé y'a pas de noms dans le livret), expliquant en partie que live il aura de toute façon toujours des problèmes à se faire entendre. Aux 11 titres de l'album s'ajoutent les 2 supplémentaires à télécharger grâce au bon présent dans le digipack (et probablement avec la version vinyl). Pas révolutionnaire bien sûr, mais une bonne surprise tout de même.
Une pulsion d'achat que je ne regrette pas. Ce que c'est quand même que l'intuition féminine, hein ? Un truc que vous ne pouvez pas comprendre les p'tits amis.
( www.myspace.com/priestess )
The Tea Party – Live : Intimate & Interactive (dvd – Linus Entertainment)
Restons chez nos amis canadiens mais du côté anglophone cette fois, le temps de vous dire 2 mots du dvd posthume de The Tea Party, "Live : Intimate & Interactive". Il date de 2007 mais que je viens seulement de l'acquérir. Pourquoi ai-je autant attendu, je n'en sais vraiment rien, car un live (le seul) de The Tea Party, il n'était pas question que je m'en passe. Malheureusement ce show enregistré au Muchmusic Headquarters de Toronto pour un show télé, remonte à 1998, soit l'album "Transmission". Et pas d'bol, c'est celui que j'aime le moins, trop indus et bourrin à mon goût, celui où les mélodies et les subtilités orientales ont été laissées au vestiaire. 5 des 8 chansons en sont extraites, plus une du 1er album que je n'apprécie pas plus que ça non plus. Ne restent alors que "Fire in the head" et "Sister awake" du chef d'oeuvre absolu qu'est "The edge of twilight", mais dans des versions qui ne me font pas vibrer outre mesure.
A cela s'ajoutent 3 autres titres (dont 2 doublons) au même endroit en 2000 et une interview un peu pénible, gâchée par un troupeau d'écervelées hystériques hurlant comme au temps des Beatles.
Grosse attente et grosse déception en somme.
( www.teaparty.com )
Eric Mcfadden – Train to salvation (cd/dvd – Bad Reputation)
Et puisque que nous en sommes à causer dvd laissez-moi vous parler d'Eric McFadden. Oui, je sais, j'ai déjà cité le bonhomme dans l'avant-dernier numéro. Mais c'est ma faute, à moi, si ce gars-là avec sa dégaine de cow-boy tire encore plus vite que Luky Luke. Dans son petit dernier, "Train to salvation", on trouve tout d'abord 13 nouveaux titres dans le style loufedingue qui l'a rendu célèbre. Enfin quand je dis "célèbre" heureusement que ni lui, ni son label français Bad Reputation, ne me lisent car j'ai bien peur qu'aucun des 2 ne soit millionnaire. C'est juste qu'après la parenthèse très électrique de "Delicate thing" le voici de nouveau dans son univers bigarré fait de polka, flamenco, valse, blues, voodoo ... que sais-je encore ... rayez la mention inutile ! Et malgré un tel fond musical, l'utilisation d'un accordéon et d'une guitare exclusivement acoustique (mais amplifiée), la musique du garçon dégage une énergie rock incroyable. Preuve en est le dvd fourni en bonus qui retranscrit l'intégralité du concert donné au Café de la Danse en 2007 avec 2 clips un peu dingues en bonus (spécialement la reprise allumée de "Womanizer" de ... Britney Spears !). C'est toujours assez bizarre de revoir un concert auquel on a assisté. Bon, n'attendez pas une superbe image 16/9ème ni même un gros light-show, ce n'est pas le genre de la maison. Si par contre vous voulez plonger dans l'ambiance musicale originale et dépaysante d'un groupe carré tout en se laissant porter par la scène pour improviser vous pouvez y aller les yeux fermés. Je considère même que c'est l'essence du live. Je crois même savoir qu'ils ne connaissaient pas Max Marcilly, l'accordéoniste non-voyant, avant le concert. C'est dire la maîtrise du sujet.
D'ailleurs depuis le temps que Bad Reputation se démène pour faire connaître ce formidable artiste il faudrait peut-être vous y mettre ! Et si ce n'est déjà fait, c'est l'occasion ou jamais car de tous ses albums distribués en France celui-ci est le plus abouti. McFadden aime la France (il y était encore il y a quelques jours à l'heure où vous lirez ces lignes), il serait temps que la France lui rende cet amour !
(www.myspace.com/ericmcfaddenmusic)
Crimson Jazz Trio – King Crimson Songbook, volume 2 (cd - Panegyric)
Alors bien sûr si je vous parle du Crimson Jazz Trio maintenant, forcément cela vous est un peu plus familier. Vous n'allez sans doute pas le croire mais c'est un trio qui reprend du King Crimson en version jazz. Mais si, je vous jure ! C'est le volume 2, le titre précis étant "King Crimson Songbook – volume 2". Pour le volume 1 je vous invite à retourner numéro 57 page 48. Attention ... vous ne passerez pas par la case "départ" et ne recevrez pas 20.000 Francs, faut pas pousser quand même ! Globalement sur le coup je ne vais pas me fatiguer car tout ce que dit Herr Herr sur le n°1 est valable pour le n°2.
La différence est la participation d'un 4ème mousquetaire de choix en la personne de Mel Collins, qui connait donc un peu le sujet, et d'un titre chanté, "Inner garden", par le pianiste Jody Nardone dans un style très crooner. Ces petites nouveautés ne modifient en rien le propos du présent cd enregistré en juin 2006 : les diverses époques de King Crimson sont passées à la moulinette piano jazz sous les conseils éclairés de Ian Wallace dont ce fut la dernière séance d'enregistrement. Ses 2 compères, Jody Nardone et Tim Landers, dont il était un peu le guide, lui rendent un vibrant hommage dans les notes du livret et déplorent qu'il n'y ait jamais de "Volume 3".
Les fans du roi cramoisi seront ravis d'y retrouver des versions très personnelles des classiques du groupe ("The court of the crimson king", "Islands suite" et "Laments") aux côtés de titres plus récents de la période Belew (que je ne connais guère, je l'avoue). Mais ATTENTION, il n'y a pas la moindre dose de progressif là-dedans, tout crimsonien qu'il est, si vous êtes allergiques au jazz pur, autant faire l'impasse.
( www.myspace.com/crimsonjazztrio )
Flat122 – Kagerou (cd - Musea)
Impasse dans laquelle il est inutile que vous frappiez à l'appartement 122, car le groupe japonais du même nom (Flat122 en nippon ... à moins que ce ne soit de l'anglais peut-être) s'il n'est pas jazz à 100%, a tout de même de fortes chances de vous énerver. Là encore il y a un précédent dans Koid9 : Bruno Cassan – appartement n° 59 – pièce 39 - 2006 Octobre – France (n'oubliez pas un timbre pour la réponse !). L'ami Bruno n'y va pas de mains mortes avec leur album "The waves" : "Attention chef d'oeuvre" conclut-il. Aïe ! Ce groupe ne serait-il capable que de cela ? Pondre des chef d'oeuvres ? ... car ce "Kagerou" en est un autre !
Il ne démarre pourtant pas forcément de la meilleure façon qui soit, très jazz-rock "typique", à la McLaughlin, assez virtuose et démonstratif. Si les 8mn de "Clouds" sont réussies, "Panorama 2" est trop ancré dans cette profusion de notes à outrance. Mais dès "Sterre Lee Jones" le trio nous entraîne dans une tout autre dimension. C'est beaucoup plus posé, intimiste et l'ajout d'un accordéon est une riche idée. C'est fou comme de plus en plus sur de la musique dite "rock" j'adhère à cet instrument, ringard à souhait ailleurs. S'ajoute à cela un superbe travail de 2 voix féminines. Attention j'ai bien écrit "voix", pas "chant", ne partez pas en courant, je suis moi-même totalement allergique aux chanteuses japonaises. Le propos devient alors nettement plus expérimental, en bordure du RIO mais débouche toujours sur de purs moments de charme.
On rangera donc plus facilement ce second opus du côté musique rock de chambre à la Univers Zero que du côté jazz-rock de son prédécesseur (que je ne connais malheureusement pas en entier) dont on retrouve le morceau-titre dans une version live en bonus. Gros coup de coeur !
( www.myspace.com/flat122)
Masal – Galgal (cd – Musea)
Pour le suivant, Masal "Galgal", je peux me tromper mais je ne pense pas pouvoir vous renvoyer aux archives du mag cette fois (Note du webmaster : en fait l'album sera chroniqué dans le n° suivant et en ligne ici. On sait que c'est un lieu (chez Koid9 comme dans n'importe quelle entreprise) où il s'y passe en général des choses pas catholiques (ni musulmanes d'ailleurs) mais tant pis pour vous, il faudra trouver un autre prétexte pour y descendre retrouver un ou une ou des collègues. Le nom du groupe vous dit peut-être quelque chose malgré tout. "Masal" était le nom d'un album de Jean-Paul Prat paru en 1982 et réédité par Musea en 1995. Plus qu'un album c'était en réalité une grandiose symphonie de 42 minutes, légèrement influencée par le zeuhl (une basse incroyable !), à l'instrumentation hyper riche et soignée. Un de ces chefs d'oeuvre de notre patrimoine musical que l'on continue d'ignorer (n'est pas Jauni ou les bébés brunes qui veut !)
Aujourd'hui Masal est le nom du groupe qu'il réunit pour jouer sa musique. Sur cet album il a totalement délaissé la batterie (confiée à Jean Prat. Son fils ?) pour se consacrer essentiellement aux claviers et à la guitare. Il nous propose 6 titres, toujours instrumentaux, influencés, comme il se plait à le dire sur son Myspace, autant par Wagner, Beethoven, Chicago Transit Authority que Deep Purple. Sacré cocktail ! Comparez à "Masal", le titre pas le groupe (vous suivez ? j'en vois qui dorment au fond !), les pièces de ce cd sont plutôt courtes, les 5 premières n'excédant pas les 7 mn. Je me demande si finalement c'est le bon format pour permettre à Jean-Paul de s'exprimer car si j'admire le travail de composition, la mise en place, le cheminement des idées, aucun de ces titres ne m'a vraiment interpellée. C'est assez virevoltant et rythmé, presque virtuose, à la croisée du prog et d'un certain jazz symphonique mais cela me laisse de marbre.
Ce n'est que le dernier titre, "Talitha coumi", beaucoup plus long (14mn49), qui m'a paru permettre aux climats d'avoir le temps de s'installer, aux thèmes de flâner le temps de s'épanouir, le tout avec un travail de la guitare remarquable, signé Olivier Louvel, crédité uniquement sur ce titre, c'est regrettable. Une véritable petite symphonie. J'adore ce genre de morceau. Magnifique !
Mes premières réserves ne doivent cependant pas vous éloigner de ce disque. Je n'ai tout d'abord pas le goût universel de certains chroniqueurs d'autres journaux (des noms ?) et je le répète c'est loin d'être mauvais, cela ne me touche tout simplement pas, trop obnubilée je pense par "Masal", le titre pas le groupe (on se réveille au fond !). La démarche n'est pas forcément très éloignée et à mettre en parallèle d'un autre compositeur batteur et pianiste bien peu mis en lumière, Patrick Forgas.
( www.myspace.com/masalmusic )
The Black Heart Procession – Six (cd – Temporary Residence)
Guère plus sous les feux de la rampe, mais de Californie cette fois, je vais maintenant vous parler du "Six" de The Black Heart Procession. Pour être honnête je ne connais pas les 5 autres, ce groupe n'est apparu dans mon univers que grâce à la série "In the fishtank", projet d'un label néerlandais (Konkurrent) pour le moins original qui consiste à inviter un groupe de la scène indépendante à s'enfermer dans un studio (le Fishtank) pendant 48 heures et d'en sortir un cd en partant d'une feuille blanche, libre à ce groupe d'en inviter 1 ou plusieurs autres, souvent d'horizons très différents. Bien sûr le résultat connait des fortunes assez diverses. La collection compte à ce jour 15 volumes, le dernier, je l'apprends à l'instant, étant paru en septembre 2009 (il va donc falloir que j'investisse à nouveau !). Celui de The Black Heart Procession (tu parles d'un nom à rallonge) porte le n°11 et était sorti en 2004 avec pour invité le groupe local Solbakken, soit-disant progressif (?!? Vous connaissez ??? Moi pas !). Par extension, l'essai lui-même fut qualifié de progressif, sans doute en raison du contraste avec les furies Nomeansno, Snuff, The Ex ou autre Sonic Youth publiées dans la même série.
Si j'avais trouvé ce split-album beau et mélancolique à souhait, il ne m'avait pas pour autant paru aussi désespéré que ce "Six". Houlala, ce n'est pas avec cet album que vous allez sortir les cotillons, faire la chenille et balancer des confettis. Rédigez plutôt vos dernières volontés et posez-les délicatement à proximité du verre de whisky et de la boîte de tranquillisants, vides tous les 2, que vous laisserez sur votre table de chevet avant de vous endormir ... pour longtemps. A croire que ces gens-là se sont pris tous les malheurs du monde sur le coin du nez : des massacres au Togo aux bombes de Bagdad en passant par les tremblements de terre en Haïti et Turquie et les inondations en Vendée et Charente-Maritime. Tu m'étonnes qu'ils aient le coeur noir !
Le pire c'est que c'est terrifiquement beau, superbement orchestré. Cela en devient presque malsain d'y prendre son pied. Toute la torpeur du post-rock et d'une joie de vivre à la Leonard Cohen condensés sur une galette de 12 cm, le tout emballé dans un écrin cartonné tout aussi sombre et triste qui siérait presque à un groupe de black metal, à ceci près qu'une des croix est à l'endroit et le nom du groupe lisible !
( www.myspace.com/theblackheartprocession )
Ozz – No prisoners (cd – Epic - rééd Krescendo)
Par contre au concours de la pochette la plus ringarde, les Ozz en 1980 avaient dû remporter une médaille : beau gosse qui pose avec son petit foulard et son micro, et guitariste en pleine (fausse) action qui ressemble comme 2 gouttes d'eau à Hendrix ! Vous avez bien lu Ozz, avec 2 "z", pas comme le groupe heavy-metal scandinave des années 80 qui zozotte moins, ni comme le clown qui lui zozotte un max avec un "y" en plus ! Au delà de cette malencontreuse pochette qui a dû en faire fuir plus d'un se cache un p.... de bon album de hard-rock mélodique, pêchu et légèrement teinté Led Zeppelin avec un chanteur fort compétent et un gratteux très habile de ses petits doigts. C'est encore Krescendo qui s'y colle, sans bonus par rapport à mon vinyl qui, je le confesse, prenait un peu la poussière, à tort. Ces gens-là jouent avec nos nerfs avec leurs rééditions un peu "cheap" ! A leur décharge, cette fois, pas sûr que les 2 compères aient produit quoique ce soit d'autre ensemble : Alexis T. Angel, le chanteur, a disparu de la circulation alors que le guitariste Gregg Parker fondait un Ozz II pour 2 albums (que je ne connais pas) sans plus de succès. Rien que de constater que des gars ont eu l'idée de ressortir cette chose du formol m'en bouche déjà un coin. Sans être révolutionnaire, un très bon disque à redécouvrir. C'est en tout cas ce que m'a permis cette réédition et il doit bien y avoir encore quelques vinyls dans mes étagères dont le charme m'a échappé. Oui, bon, j'admets, il y a aussi quelques daubes, Venom et Raven en tête ou les albums solos de Peter Criss et Gene Simmons !
Ace Frehley – Anomaly (cd – Season of Mist)
Et puisque j'évoque Kiss, la transition est toute trouvée. Mon cousin (Hub de son petit nom), qui m'imposait souvent de jouer au docteur quand j'allais en vacances chez lui étant enfants (un petit vicelard, d'où aujourd'hui l'emploi du mot hub pour désigner en informatique un petit boîtier permettant de raccorder plusieurs prises mâles avec une femelle ...), en parlant du dernier album des démasqués-remasqués le trimestre dernier, vous a présenté son ex-guitariste, Ace Frehley, comme un pochtron notoire. Bon, de temps en temps, même si la dernière fois remontait à 20 ans, il lui arrive de lâcher la bouteille et de sortir de bons albums, largement plus intéressants que ceux de ces ex-collègues depuis sa rupture de contrat après le très bon"Creatures of the night" (sur lequel toutefois il ne joue pas, bien que figurant sur la pochette). Et l'a-t-il fait volontairement, en tout cas voilà qu'il nous offre "Anomaly" pile-poil au même moment que "Sonic boom", auquel on ne croyait plus, j'admets, de son ex-maison mère. Je vais sans doute faire hurler tout le lectorat du Koid9 et du reste du monde, mais je ne suis pas loin de penser que Ace était un peu le George Harrison de Kiss : celui qui avait sûrement le plus de talent mais que l'on étouffait sous le tandem leader. Je parle en équivalence, n'allez pas me faire dire ce que je n'ai pas écrit, je ne compare pas Kiss aux Beatles !!! Ah la la, vous partez vraiment au ¼ de tour, vous ! Inutile d'envoyer des cailloux au webmaster en PJ de vos mails d'insulte pour qu'il me les balance en bloc ! Par contre pour vérifier mes dires, reportez-vous à la série des 4 albums solos de 1978. Seul l'effort de Paul Stanley tient la rampe avec celui d'Ace Frehley. Faut dire que les 2 autres étaient tellement ridicules que cela relativise la performance.
Pour en revenir à "Anomaly", notre as s'est surpassé, nous offrant un album gorgé des riffs qu'on lui connaissait dans les années 77-79 avec un son nettement plus gras et moderne. Des titres simples, bien rentre-dedans, aux refrains immédiatement mémorisables, soutenus par sa voix si particulière, côtoient quelques instrumentaux dont il a toujours été friand (mais frustré dans Kiss) et une superbe ballade "A little below the angels" où il enterre (définitivement ?) ses démons relatifs à l'alcool en faisant son meaculpa et sur laquelle intervient une voix d'enfant que l'on suppose être le sien. Le package est également particulièrement soigné, puisque le digipack (en édition limitée) se transforme en une jolie pyramide. Mais une fois que vous l'avez construite ... et bien vous n'avez plus rien pour ranger votre cd ! Cela a dû être étudié pour le laisser dans votre platine et l'écouter encore et encore.
( www.acefrehley.com )
Alice In Chains – Black Gives Way To Blue (cd - Virgin)
De la bibine à la dope il n'y a qu'une addiction, que je n'ai jamais franchie, n'ayant jamais eu d'attirance ni pour l'une ni pour l'autre, moi mon truc c'est plus dans les piscines que je le trouve. Pour Layne Staley, chanteur historique d'Alice In Chains, elle fut fatale. Après avoir chercher en vain un "autre monde" pendant des années, son dernier cocktail héroïne + cocaïne lui montre enfin le chemin le 5 avril 2002. Plus ou moins dissout après leur "MTV unplugged" de 1996, le groupe s'était retrouvé pour un live en 2000. Difficile désormais d'imaginer une suite. Pourtant l'improbable s'est produit et ses 3 ex-partenaires, Jerry Cantrell en tête, sont de retour avec un nouveau chanteur-guitariste, William Duvall, dans un album intitulé "Black gives way to blue".
Alice In Chains était probablement un des groupes les plus doués et les plus intéressants de la scène grunge, un de ceux dont les albums ont le mieux passé le cap des ans. On les retrouve quasi-intacts aujourd'hui à savoir dans une musique à tendance "metal", puissante mais lancinante, et surtout d'une grande richesse mélodique, donnant l'impression d'un rouleau compresseur qui vous veut du bien. Dès les premières notes j'ai toutefois eu une petite surprise : je ne m'étais jamais aperçue que sur les vieux albums c'était déjà Jerry Cantrell qui chantait la moitié du temps et composait déjà quasiment tout. Tout est donc encore bien plus familier qu'escompté, le charme Alice In Chains opère de nouveau, totalement intact, probablement un chouïa plus optimiste (d'où le titre peut-être). On s'interroge juste sur l'intérêt réel du nouveau chanteur, finalement très discret et sous-employé. Son rôle va-t-il s'étoffer dans l'avenir ? On espère pour lui, d'abord parce qu'il a un joli brin de voix, ensuite parce qu'il aura tôt fait de s'ennuyer et d'aller voir ailleurs.
En attendant le futur, dégustons ce merveilleux et inattendu présent. Et bon sang, si en écoutant "Check my brain" vous n'avez pas ce refrain en tête pour le restant de la journée, c'est que décidément nous ne sommes pas câblés de la même façon et je rends mon tablier !
( www.aliceinchains.com )
Baroness – Blue record (cd - Relapse)
Dans une vision similaire de la musique alliant puissance et mélodie mais dans un rendu assez opposé, Baroness nous avait proposé "Red album" en 2007. C'est donc fort logiquement qu'en 2009 ils remettent le couvert avec "Blue record". Gageons que dans pas longtemps on aura droit au double-blanc !
Quand je parle de mélodies, c'est du moins l'impression que m'avait laissé l'opus de 2007. Quelque chose a dû énerver gravement nos 4 Baroness car les revoici sérieusement en colère. Curieux, moi c'est quand je vois rouge que je suis énervée, eux c'est bleu (méfiez vous si vous allez chez eux, ils ont probablement inversé les robinets d'arrivée d'eau)! Certes, étant hébergés chez Relapse, on ne peut pas s'attendre à une sucrerie, "Red album" n'en était du reste pas une, mais il avait des temps morts, des respirations, ce qui lui avait valu parfois un qualificatif "progressif" dans certains journaux, au même titre que Mastodon par exemple que l'on met dans la même famille (étiquetage à relativiser puisqu'il vient de magazines spécialisés dans de la musique au taux de décibels déjà hors norme !).
Mais là, après une petite intro d'une minute, vous partez affronter une tempête, que dis-je, un ouragan, 40mn durant sans le moindre répit. Je ne suis peut-être qu'une petite chochotte mais c'est particulièrement éprouvant. Si le chant assez peu charmeur (c'est un euphémisme) de John Dyer Baizley (restez polis, sales machos !) pouvait heurter, il se digérait somme toute assez bien. Ici j'ai l'impression qu'il prend beaucoup plus de place et l'accompagnement musical hyper dense ne fait qu'accentuer le côté extrême de ce cd, alors que musicalement ce n'est pas si violent que ma chronique pourrait le laisser paraître, les guitares épaisses mais pas metal au sens heavy/trash, rivalisent souvent d'harmonies. Il y a juste un peu trop de tout pour moi ici.
A l'inverse des Beatles, je préfère donc le rouge au bleu. Si malgré tout l'essai vous tente - quand on aime Devin Townsend on a quand même des prédispositions je pense pour explorer encore un peu plus loin, étiquette prog ou pas - je vous conseille de commencer par le premier et si déjà cela vous paraît trop osé pour vous, inutile de changer de couleur !
( www.myspace.com/yourbaroness )
Neom – Arkana Temporis (cd – Soleil Zeuhl)
Retournons sur les "vraies" rives du prog avec Neom, la dernière réalisation de l'excellent label Soleil Zeuhl (cocorico !). "Arkana Temporis" est une première oeuvre particulièrement ambitieuse, divisée en 2 actes, entièrement composée par Yannick Duchene Sauvage, à la fois guitariste, batteur et chanteur.
Au rang des évidences, vu le nom du label, pas besoin de vous faire un dessin sur le propos musical. Et qui dit zeuhl dit bien évidemment influence de Magma. D'ailleurs je vous donne une occasion de redescendre aux archives pour confirmer mes dires. Je vous aide (ça vous laissera plus de temps pour vos cochonneries) : n°70, article "Bons ... et à Laure", album "Hur – Hommage à la musique de Christian Vander". En soi, c'est un pléonasme, un peu comme si on ne trouvait pas des petits morceaux de Black Sabbath dans les groupes de stoner et de doom.
De la bande à Vander on retrouve donc ce travail de la basse, à lui seul marque de fabrique du genre, et la mise en place des voix, surtout depuis qu'elles sont presque exclusivement féminines. Or la surprise est de ne trouver que Yannick au crédit du chant : c'est donc lui qui les fait toutes, par couches superposées, y compris celles que l'on jurerait féminines ? Chapeau ! Pour le reste, le son guitare/claviers se rapproche plus de ce que fait One Shot (donc quelque part aussi un petit peu le récent Magma).
L'oeuvre est découpée en 5 plages, donc 4 se rapportent à l'acte 1, toutes d'une durée assez équivalente (en moyenne 12 mn) sauf "Acte 1 – part 2" d'à peine 3 mn. Un thème (le terme "riff" est trop restrictif) revient régulièrement tout au long des 55 mn totales pour bien nous rappeler qu'il s'agit d'une symphonie à prendre d'un bloc. Construite à la manière d'une pièce de théâtre (puisque l'on parle d' "Actes"), elle nous raconte une histoire au travers de moments forts, les plus nombreux, et de climats plus tempérés, plus intimistes. C'est dans ces derniers, tantôt hésitants, tantôt répétitifs, que le groupe pêche un peu. J'avoue avoir un peu décroché en partie centrale de "part 3", ainsi que dans l'intro un peu longuette de "part 4" où l'intensité qui monte progressivement aurait probablement gagné en efficacité en élaguant 3 ou 4 mn. Heureusement le final est grandiose et débouche sur un acte 2 parfait, intense de tension et de fougue. C'est dans ces moments-là que le groupe est brillant et nous tient en haleine, et c'est de très loin le propos majoritaire de ce cd.
Ce défaut mis à part, cela ne représente finalement au cumul qu'une dizaine de minutes, c'est encore un groupe précieux et prometteur que nous tenons là. Et probablement confidentiel, malheureusement ... comme toujours. ( www.myspace.com/neomgroup )
Glissando – Union Chapel, London, December, 20th 2008 (download)
Pour finir, sur la boîte mail du site, on reçoit régulièrement des newsletters étrangères au style fédérateur du magazine, notamment du label Sleepsound Agency, sous label (ou dissident, je ne sais pas trop) de Gizeh Records. Dernièrement ils nous ont fait savoir qu'un album live de Glissando, "Union Chapel", était disponible. Il est gratuit et accessible (quoique ... attendez de lire la suite) à tous. Il est téléchargeable à l'adresse ci-dessous tout à fait légalement, dans à peu près tous les formats audio imaginables. Servez-vous, c'est fait pour et plutôt sympa, mais vous devez savoir que :
1°) si c'est gratuit c'est qu'en fait l'enregistrement est bourré d'imperfections techniques, comme si cela avait été enregistré directement sur un vinyl ... qui saute.
2°) c'est en fait un mini album de 20 mn seulement ...
3°) ... et heureusement parce que c'est tellement "ambient", dépouillé (piano + chant féminin de type chorale) et lent (à côté, un escargot grillerait des radars) que je me suis endormie avant la fin et me sens assez incapable d'en écouter plus.
Du post-rock (très)n minimaliste. Maintenant c'est vous qui voyez, sachant qu'en maths, "très" à la puissance n = "excessivement" (d'après le théorème que je viens d'inventer et qui porte mon nom : ©LordOfTheRing ...)
( http://glissando.bandcamp.com )
Bon, je me dépêche. Dans peu de temps les 12 coups de demain vont retentir à l'horloge et je serai hors-délai. Le boss mettra directement mon mail à la corbeille. Un p'tit coup de zip avec les pochettes et le présent texte, et hop, c'est parti. Rendez-vous dans 3 mois pour l'anniversaire de la rubrique. Franchement je n'aurais pas cru tenir aussi longtemps. Pour fêter ça on fera un petit numéro spécial "lots" : moins de groupes mais plus d'albums pour chacun, avec Monkey 3, Sloche, Wild Horses, Ocean, Daran et les Rolling Stones, sous réserve que je les reçoive à temps. La bise à la p'tite famille ...
Laure Dofzering
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