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4 ans depuis "Blue Planet". A vue de nez de fan français c'est long, mais pour les fans hardcore qui suivent le groupe à la culotte ce n'est pas une surprise. La question leur avait été posée dès 2006 : "voulez-vous un nouvel album de Alquin ?". Ils ont donc mis la main au porte-monnaie et au nom de tous ceux qui étaient dans l'ignorance je les en remercie, même si je considère qu'aujourd'hui, 25 Euros pour un cd, qui plus est en direct avec l'artiste, c'est très excessif. Reconnaissons que dans le cas présent il n'y a pas un artiste mais six.
A l'écoute du résultat tout doute quant à l'utilisation de cet argent et du temps qui a passé s'évapore. La présentation graphique de l'album est extrêmement soignée et bien en rapport avec le titre de l'objet, laissant croire, à tort, à un concept-album. Musicalement peut-on coller une étiquette progressive sur ce voyage sous d'autres latitudes ? Non, si on reste sclérosé dans une vision passéiste de la chose, oui si on se laisse embarquer par chacun de ces onze titres dont aucun n'est figé dans une structure classique couplet/refrain/solo.
Presque tous ont des durées respectables sans toutefois affoler les compteurs à l'exception de "The mission" qui ouvre l'album (8mn14) ou le grand tableau qui donne son titre à l'album (14mn16). Pourtant dans une norme d'environ 5mn ou plus, chaque titre a le temps de développer plusieurs climats successifs tantôt planants, parfois jazzy, ici très pop ... tout cela naturellement sans avoir l'impression de sauter du coq à l'âne. Le souci du détail a été étudié avec minutie, de l'ambiance orientale de l'ouverture de "The Mission" aux choeurs floydiens de "Minnie Minnoux", ceux indiens de "Kite runner" ou cette petite touche latino de "Lillie's notebook"que ne renierait probablement pas Santana. Chaque intervention des instruments à vent de Ron Ottenhoff tombe à point nommé et est un pur moment de charme, sans oublier l'orgue de Dick Franssen, toujours discret mais aux interventions toujours gracieuses. J'en perds mes qualificatifs tellement cet album me laisse pantoise, même si je dois avouer que la première écoute m'avait laissée un peu de marbre. 6 ou 7 écoutes plus loin je découvre à chaque fois matière à m'émerveiller.
Si je ne devais choisir qu'un titre ce serait "Kite Runner". A chaque écoute je vois ce cerf-volant planer dans les airs. Je sais que cela fait un peu chroniqueuse qui se la pête et cherche à faire des phrases mais je vous promets que c'est vrai. C'est aussi la force des textes de cet album qui collent parfaitement à la musique et poussent votre imaginaire. C'est également assez rare avec ce genre de disque très chanté, l'amateur de prog ayant tendance à se laisser embarquer sur de longues joutes instrumentales, pratiquement inexistantes ici. On aurait pu craindre le pire mais Michel Van Dijk a probablement pris conscience que ses cordes vocales abîmées ne lui permettaient plus les mêmes prouesses, il reste donc dans un registre très posé, très laid-back, et son omniprésence sur la totalité de l'album ne freine en rien l'évasion qu'il suscite jusqu'à ce très court clap de fin, "Shineseethe", où l'on touche la lumière.
Bon vous l'avez compris, inutile de continuer, j'adore cet album. Il aurait pu figurer dans mon top de l'année mais j'avais déjà transmis ma liste au boss. Tant pis. La force d'Alquin est d'avoir su tirer les conséquences d'un "Blue planet" en demi-teinte et de n'en garder que le meilleur, sauf peut-être "Money in the bank", le titre le plus faible du cd. Alors s'il faut attendre 4 ans pour avoir un autre album de ce niveau, je dis "topons-là".
Affirmer maintenant que "Sailors & Sinners" est supérieur à "The Mountain Queen" serait toutefois un non-sens, ils n'évoluent pas dans la même catégorie. Jusqu'à présent Alquin a fonctionné par série de 2 albums : dans la catégorie prog 70s on retiendra "The mountain queen", de la période pop progressive ce sera "Nobody can wait forever" et de la période contemporaine on privilégiera haut la main "Sailors & Sinners". Avec ces trois là vous avez le haut du panier et un aperçu haut de gamme du talent de ce groupe dans des rayons bien distincts.
Laure Dofzering
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