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Airbag : Identity (2009 - cd - parue dans le Koid9 n°72)

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Soyons bêtement logiques. Dans Airbag il y a d'abord "air" et ça c'est déjà une indication du contenu, et ensuite "bag", mais ça on s'en fout car ça n'aide en rien ma démonstration. Il y a donc cet "air" qui renvoie, tout comme chez le groupe Versaillais du même nom, vers une idée de légèreté, mais aussi de support idéal pour y poser de belles mélodies planantes et hors du temps. Voilà, vous devez avoir vaguement compris où je voulais en venir avec cette intro tirée par les cheveux. Car il ne faut pas bien longtemps à l'auditeur pour s'apercevoir que ce groupe a tété très tôt (*) le lait du grand Pink Floyd. Sans doute au pis de ce sympathique bovin qui ornait la cultissime pochette d' "Atom heart mother".

Ce quintette norvégien de constitution classique (basse, batterie, guitare, claviers et chant) réunissant des copains d'école a bien fait les choses dans l'ordre puisqu'il a commencé ses classes en tant que groupe de reprise de qui-vous-savez-maintenant : The Pink Floyd Experience, ça s'appelait. Mais déjà ça les chatouillait un peu d'écrire leurs propres compositions et ils avaient bien raison. Airbag est ainsi né en 1994 à Oslo de cette volonté de prolonger voire recréer la magie musicale de leurs aînés.

On commence petit avec un EP confidentiel "Sounds that I hear" en 2005, suivi par un autre, "Safetree" en 2007, tous deux proposés en téléchargement sur leur site, histoire de se faire connaître pour pas cher et de faire constater au monde entier que ces Norvégiens ont entre autres qualités une vraie capacité à s'approprier l'univers des illustres Anglais. Leurs débuts en live les ont vus ouvrir pour des groupes aux racines assez similaires : Pineapple Thief, Gazpacho and Riverside.

"Identity" est donc leur première œuvre diffusée sur le marché cruel du disque, mais en réalité elle rassemble la majorité des éléments des démos précédentes, toutefois légèrement remaniés. Voilà les amateurs de la première heure prévenus. Mais cet album devrait séduire bien d'autres volontaires.

La musique est donc, je le répète mais certains n'avaient pas bien écouté, très marquée par Pink Floyd, mais plutôt dans la période post-Waters du groupe, durant laquelle les morceaux se sont trouvés plus ramassés et moins défricheurs, tout en conservant une exigence de sophistication et de beauté mélodique. Les morceaux tout en étant assez longs varient donc entre 5 et 8 minutes, mais à l'écoute on les croirait plus courts tant le temps semble passer vite. Cela ouvre la voie à de copieux développements instrumentaux, toujours d'une grande fluidité.

La voix du chanteur ainsi que quelques éléments les rapprochent parfois de la démarche popisante d'un Archive qui serait dépourvu de sons électroniques. Il est vrai que la musique de ces derniers est elle aussi réminiscente de celle de leurs aînés. Et cette façon déprimée mais pas déprimante de chanter rapproche ces groupes entre eux. À d'autres moments, lorsque la mélancolie s'accentue encore, c'est le spectre d'Anathema qui apparaît. On voit que toutes ces comparaisons sont pour le moins flatteuses.

Les claviers enveloppants se répandent dans l'espace comme des nappes sinueuses. Les guitares caressent dans le sens du poil, et s'envolent régulièrement au firmament. La section rythmique les accompagne sans envahir. Tout juste peut-on trouver la basse un peu prévisible, pas aussi travaillée que celle de Waters. Et il ne faut pas s'attendre au versant le plus vigoureux de la bande à Gilmour/Waters.

Certes "Identity", titre de l'album, n'est pas forcément le terme le mieux choisi pour caractériser ce premier véritable album, tant une certaine ombre plane en permanence au-dessus, mais on s'estime déjà bien heureux de voir un hommage aussi bien rendu, à considérer comme une "revisitation" actualisée. Pour moi c'est l'album qu'on aurait pu attendre d'un Pure Reason Revolution, au lieu de sa dernière décevante production.

(*) Petit exercice d'articulation et néanmoins idiot : répéter plusieurs fois rapidement et sans postillonner "Toto a tété très tôt sa tata têtue tout en triturant ses têtons tentants tout pointus".

Michael Fligny




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