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After Crying : 6 (1998 - cd - parue dans le Koid9 n°25)

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Voici, donc le sixième opus du plus iconoclaste des groupes de progressif hongrois. After Crying està présent, apres deux départs et un remplacement, un quintette composé de deux chanteurs-auteurs, et de trois autres artistes, essentiellement claviéristes, mais aussi et selon le cas, bassiste, guitariste, percussioniste, violonceliste. En fait, de grands virtuoses entourés de nombreux autres musiciens (pas moins de 12 invités + un mini-orchestre) jouant surtout des instruments à vent et des cuivres ( quelques arrangements rappellent Chicago). C'est donc à la base une formule très originale ,ayant deux influences évidentes: ELP (il y a d'ailleurs un "Tribute to Keith Emerson") pour ses réminiscences symphoniques, prédominance de claviers, allusions lointaines à "Tarkus" et virtuosité musicale, puis King Crimsonpour certains moments sombres à la limite du jazz-rock (sur "viaduct" notamment) où les guitares et les mélodies alambiquées sont prépondérantes. Mais ce ne sont là que des accents: le groupe posséde une identité propre très forte, unique.

L'album sobrement intitulé "6" excède les 70 minutes. Il se compose de 3 morceaux principaux:celui dédié à Emerson et 2 "suites à tiroirs", le tout étant relié par des transitions musicales. Plus nerveux et plus complexe (ce n'est pas peu dire) que "fôld es ég" ("terre et ciel"), ce CD présente des titres dans la plus pure tradition du groupe, à savoir celle de toujours étonner l'auditeur, de lui montrer un autre chemin lorsqu'il croit avoir découvert la ligne directrice d'une chanson, par moment symphonique (on croit parfois entendre une musique de film ou un extrait de musique classique), plus hard (certains breaks à la Magellan sur "salto mortale I", "nuclear feast'), ou carrément baroque (la voix féminine de "dance with the sleep-walker marionettes"). Bref, cette musique, agitée ou calme, reste toujours très originale et profonde, de part la sensibilité bien particulière de ces artistes et leur propos pleins d'espoir. On peut d'ailleurs les conprendre -ou essayer car les textes sont assez poétiques- puisque la majorité des morceaux est interprétée enanglais, et le livret est bilingue anglais-hongrois. C'est une oeuvre déroutante mais pleine d'inspiration, qui demande de multiples écoutes avant d'etre appréciée comme elle se doit.

Ce disque est à conseiller aux amateurs de prog' non-conventionnel, After Cryingredonnant au terme "Progressive Rock" son sens littéral et originel, celui d'une musique d"'avant-garde", qui dépasse ses limites. C'est bien parce qu'elle était si novatrice, à la fin des années 60, qu'on l'a baptisée ainsi, n'est-ce pas ?

Guillaume Bernard




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