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Baraka : Inner Resonance (2010 - cd - parue dans le Koid9 n°74)

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Formé en 1997, Baraka nous propose ici son déjà neuvième ouvrage. Si le line-up est inchangé depuis les débuts, ce nouveau disque marque un tournant, me semble-t-il, dans la carrière du groupe. Comme le laissait entrevoir leur concert du ProgSud de 2010, Baraka s'est orienté vers une musique plus émotionnelle, en se dépouillant de toute démonstration technique et de ses velléités métal ou hard 70's.

Cela n'est pas évident sur le premier morceau "palm trees of the Maldive" car cette pièce apparaît pour la 3ème fois en CD après le "Baraka 2" et l'album éponyme de 2003. Ce morceau quasiment toujours joué en concert est assez représentatif du groupe. Dans cette version 2010, les guitares un peu plus à la Ed Wynne font penser à Ozric Tentacles, mais le morceau n'est pas dénaturé. C'est avec le suivant "reflected waves" que l'on perçoit le changement. D'obédience jazz-rock, on y entend une guitare synthé (il y en avait quelques notes sur le final de "palm trees…") qui offre de nouvelles possibilités sonores tout en restant en formule trio, permettant de rendre le propos plus "spatial" mais a contrario de l'humaniser aussi. Le court "plunge from the darkness" est parlant quant au changement de registre car les peaux de Max Hiraishi bénéficient d'un effet similaire aux "Tambours du Bronx" pour un morceau dans le même esprit. C'est avec "atlantic" qu'on atteint le sublime. Très douce et aérée cette pièce lente est toute en poésie et en beauté, les arpèges d'Issei Takami sont divins et font l'effet d'un massage de l'âme.

Issei tel sur "seam of the globe" m'étonne toujours tant il y a de choses à dire, il est une source intarissable de notes, créant d'imparables mélodies toutes suintant l'improvisation géniale. Les deux dernières minutes basculent dans l'univers de Steve Hillage et la guitare synthé donne une vraie profondeur à la musique. C'est d'autant plus vrai avec "yggdrasil" et son fond de percussions orientales. Ramenant à l'excellent album "Green" du guitariste de Gong, il est vrai que le propos de Baraka glisse vers quelque chose également de Ozric Tentacles dans l'esprit mais on ne peut pas encore les étiqueter "space". C'est davantage une musique apurée et mystique.

Deux morceaux très atmosphériques et introspectifs ensuite, dans un style proche de leur compatriote Kitaro, on est très loin du bouillonnant power-trio. Mais plus à un changement de style c'est à une approche plus ressentie de la Musique à laquelle nous avons droit, même si ces deux morceaux sans être pauvres, n'ont pas leur habituelle extravagance. On va retrouver notre énergique trio sur le morceau final "the definition", en fait une nouvelle version car il est présent sur l'album "IV". Débarrassé de ses vocaux et de 4mns30, il s'intègre bien dans cette nouvelle sphère progressivo-spirituelle.

Si "Inner resonance" peut être perçu comme un concept-album, ce final pourrait présenter l'aboutissement de cette quête de soi et en extériorise les effets par un mariage de passages énergiques et par de subtils moments mélodiques. A souligner la finesse du jeu de Max qui semble à l'aise comme un poisson dans l'eau quel que soit le défi à relever, mais aussi la basse pas assez présente et sous-mixée de Shin Ichikawa qui aurait méritée plus d'espace…

Avec "Inner resonance" Baraka a, sinon étendu son registre, gagné en efficacité mélodique. Troublante métamorphose que cette évolution mais qui semble si naturelle lorsqu'on a la volonté de ne pas se répéter. Omedetou (bravo) messieurs  !

Bruno Cassan




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