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Autant vous prévenir tout de suite le présent groupe qui en est à son premier album œuvre dans ce que j’appelle "le progressif à tendance hard" (même si nos amis les artistes n'aiment pas les étiquettes c’est plus pratique pour ceux qui lisent), terme dont je revendique le copyright et qu’aucun journaliste n’a le droit à l’avenir d’employer sans me rendre hommage (non, je déconne), vous pouvez voir que dans les termes, je n’ai pas cherché la difficulté mais plutôt la simplicité. Ce style, qui ne compte à tout casser qu’une douzaine d’œuvres toutes dignes d’un grand intérêt, a pour initiateur Mr Steve Wilson et son groupe anglais Porcupine Tree. Le genre auquel appartient leur dernier album a actuellement le vent en poupe, certainement parce qu’il amène de la nouveauté jamais malvenue, qu’il se rapproche de notre cousin de toujours et plus populaire, le hard (pour Porcupine Tree, il se rapproche en plus, de notre "cousin de Bretagne", le psychédélique) et parce qu’il faut bien le dire ce genre est relativement facile d’accès pour les non progueux (ce qui n’enlève pas ces qualités loin s’en faut). Le genre cultive le hard à l’ancienne, pas de double grosse-caisse, de guitares stridentes en shred à tout va, plutôt de la bonne grosse guitare. Des vocaux médiums et classiques (pas de Labrie ou Russel Allen à l’horizon). Des claviers en nappes discrètes plutôt qu’en descente fulgurante. Des morceaux en général assez ramassés et a l’évidence pop. Et surtout une opposition calme (voire des guitares acoustiques) / péchue. Chez les Polonais nous avons Riverside et Believe (dont mon collègue à fort justement souligné les qualités de leur dernier album dans le précédent numéro 66, alliant délicatesse et tonicité, "une main de fer dans un gant de velours", je dirais, pour ne pas être original mais juste). En Tasmanie nous avons The Third Ending que je vous conseille. Aux States, nous avons l’attaque (percutante) des clones, Abigail’s Ghost, voire les synthétiques d’OSI. En France (cocorico), Demians. La Hollande après ses tulipes, ses fromages à patte molle, Dave (oui enfin bon…chacun ses goûts) et surtout A.A.Lucassen, nous envoie Balloon. La question reste de savoir si le groupe s’individualise assez de Porcupine Tree. A vrai dire oui et non. Suffisament pas pour que les fans du groupe anglais (dont je fais partie depuis belle lurette, des fans pas du groupe, et qui ne comprennent pas pourquoi le succès s’est fait attendre) soient réjouis d’ajouter un autre disque à ce rayon de leur discothèque. Et suffisamment pour que l’on n'ait pas l’impression d’un déjà-vu qui serait facilement moins bon. Prenons d’abord l’essentiel donc la guitare. Si celle-ci est certes bien appuyée, elle ne colle pas généralement aux derniers albums de l’arbre à porc-épic (certes ceci est dû en partie à la production qui, bien que très acceptable, reste perfectible, rappelons qu’ils sont à leur premier essai autoproduit). Mais, la voix, surtout, se révèle tout à fait différente. Certes je ne dis pas que les claviers ne ressemblent pas à ceux de Barbieri, mais curieusement peut-être plus à l’époque post-"Abstentia" ("Signify" surtout) et ils sont moins présents. Il y a bien un plan ou deux déjà entendus. Mais par exemple, "nowhere", douce chanson pop-rock (qui certes dénote agréablement un peu avec le reste) n’est guère imaginable dans l’univers wilsonien. Même encore le puissant "dissolve unseen". Si le groupe finit son album par un (porc-) epic (fallait que je la fasse celle là) de plus de 17 minutes, pas de "anesthesize" bis à craindre, le morceau est plus uniforme (mais loin d’être monotone). Le plus similaire reste encore "foe ?", néanmoins comme tous les autres morceaux, il est de fort bonne qualité. Bref Balloon réussit un album aux chansons grassouillettes (5 sur 7 font entre 7 et 17 minutes), pas trop complexes mais pas linéaires, sans défaut majeur, et avec des qualités certaines dans un genre pas encore surchargé. Ceux qui aiment les groupes précités : précipitez-vous et bonne écoute !
Lord Prog One
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