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(collectif) : Treasure Island - By Robert Louis Stevenson (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°64)

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La dernière fournée du projet finlandais Colossus, toujours épaulé par le label Musea, réunit à nouveau 3 groupes autour cette fois du thème de "L’île au trésor", le célèbre roman de R. L. Stevenson, à savoir Velvet Desperados pour la Finlande, Floating State pour l’Italie et Nexus représentant désormais célèbre de l’Argentine et fidèle aux projets Colossus (participation à "Odyssey"). Je rappelle à l’usage de ceux qui auraient eux aussi passé les dernières années sur une île déserte à la recherche d’un hypothétique trésor que ces projets réunissent des artistes internationaux dévoués au rock progressif pour mettre en son une œuvre célèbre, avec pour contrainte complémentaire de n’utiliser que des sonorités ou du matériel estampillé années 70, pour tenter de reproduire les fresques qui ont été conçues à cette époque par les groupes phares du genre. Tous les morceaux se situent aux alentours de 25 minutes donnant une fois de plus une galette généreusement remplie.

Velvet Desperados, déjà présent sur le projet "The colossus of rhodes", nous accueille par une délicieuse introduction façon ELP, peut-être pour faire écho à leur célèbre composition "Pirates". Derrière l’orgue Hammond rugissant qui se fera plus discret ensuite, se terre déjà une section de cuivres (saxophone, trompette, cor et trombone) qui va bien vite mener la danse, faisant cette fois référence à Chicago ou Blood Sweat And Tears. La tonalité devient alors plus cool et jazzy comme chez ces groupes de la frontière 60s-70s, avant de virer même au funky un peu plus loin. Cela pourra désarçonner les auditeurs fidèles à un rock plus rugueux. Vous êtes prévenus. Des dialogues viennent ensuite se poser sur des mini-jams renforçant l’aspect illustratif du thème. Puis des parties chantées prennent le relais, empruntant les chemins inhabituels du cabaret ou encore… du disco. L’orthodoxie du rock progressif en prend un sacré coup, mais il faut avouer que tout est fait avec talent en ferveur. Signalons un habile solo de batterie pour illustrer un échange de tirs entre les protagonistes, avec coups de feu en arrière-plan. Un passage à la cornemuse très inspiré vient annoncer le retour du thème introductif avec l’orgue, enchaînant sur un final en apogée. Morceau étonnant qui nécessite une ouverture d’esprit totale. C’est aussi ça le propre du progressif.

Floating State s’annonce d’emblée comme un Van Der Graaf Generator du pauvre. C’est assurément le maillon faible du disque. La tonalité assez sombre et l’emploi du saxophone confortent la référence au groupe britannique, sans pour autant inspirer le même engouement. La faute à un manque de nervosité, à des longueurs trop fréquentes, à des thèmes trop faiblards aussi bien de la part du chanteur que des instruments, sans compter quelques expérimentations. Comme son prédécesseur quelques dialogues parsèment le morceau. Prévoir des allumettes pour tenir les paupières ouvertes car l’ennui est patent.

A charge pour Nexus de conclure cet opus. Bonne idée, histoire de rester sur une bonne impression à la fin. On connaît depuis quelques années l’habileté qu’ont ces argentins pour nous pondre des thèmes symphoniques luxueux. L’approche choisie tranche avec celle de ses prédécesseurs car elle est essentiellement instrumentale. Bien sûr les amateurs de claviers multiples devraient apprécier. ELP reste encore une influence forte, mais à côté de cela la dimension symphonique est toujours prépondérante. Le morceau est plutôt langoureux et calme, lorgnant par moments vers le Floyd. La partie centrale voit une apparition du chant masculin en espagnol pour une mélodie dépouillée, forte et marquante. On enchaîne sur un passage jazz-rock aérien à la manière du Focus actuel, avant d’accélérer le tempo. Le thème final, assez simple en soi, est très plaisant. Le seul reproche que je ferai à cette composition est qu’on a parfois le sentiment qu’il n’y a pas de trame véritable, comme si seuls des éléments du morceau avaient été écrits et que le temps avait manqué pour faire les transitions.

Il est devenu difficile d’obtenir une oeuvre fédératrice à partir de contraintes aussi fermées, surtout que ce n’est ni le premier ni le dernier de ces projets  : référence obligée au passé et durée trop longue des morceaux à mon avis, aboutissant ici à seulement 3 groupes dont 2 quasiment inconnus. Seuls les téméraires prennent le risque d’acheter ce genre de disque. Je préférais quand il y avait plus de groupes interprétant des morceaux de la durée de leur choix, ou même les albums doubles. Il avait une plus grande liberté et les meilleurs morceaux rachetaient les moins bons. Ici j’estime que ce disque réussi à 60% laisse planer un doute sur le geste d’achat. C’est vous qui voyez.

Michael"trésor caché"Fligny




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