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Ce groupe du Nord de la France dont l’origine remonte à 1995 et qui existe dans sa configuration actuelle depuis 1997 refait surface 8 ans après une première œuvre "Destiny of a dream" qui faisant déjà preuve d’une grande maturité et laissait donc augurer des meilleurs espoirs. Impossible de leur en vouloir pour cette durée quand on sait que la musique n’est pas leur métier, et on leur pardonne rapidement à l’écoute de ce CD qui vient raviver nos sentiments positifs. Le plus difficile a été pour eux de réunir tous les éléments pour enregistrer et mixer les morceaux écrits depuis pas mal de temps. Pendant toute cette période le petit label suisse Galileo Records a gardé sa confiance en eux, ce qui est assez rare dans l’industrie du disque.
"The last of the lasts" autrement dit "la der des ders" a pour thème la première guerre mondiale et rend donc hommage à ses combattants, en évoquant pêle-mêle leurs conditions de vie dans les tranchées, leurs rotations sur les lignes de front, la camaraderie, la tuerie de Verdun et les ravages massifs que les combats ont faits dans le Nord de la France, région qui à l’heure actuelle est jonchée de cimetières de toutes nations. L’inauguration des attaques au gaz, les profondes séquelles physiques et mentales pour les survivants et les pertes au sein des populations venues des colonies ne sont pas oubliées.
La formule instrumentale est toujours de mise et j’en suis ravi. On est si souvent déçu quand on s’aperçoit que du chant a été rajouté artificiellement pour, en théorie, plaire à un plus grand nombre, que le fait de faire ce que l’on sait faire de mieux, autrement dit jouer de la bonne musique, est à mon avis le meilleur choix. Pour illustrer toutes ces choses pas très joyeuses à la manière d’un documentaire on retrouve une grande diversité de styles, plus encore que sur le précédent album. La qualité d’interprétation est toujours très bonne, voire plus assurée qu’avant. La guitare électrique est souvent rugueuse et arpente régulièrement les plate-bandes du métal, ce qui est bien adapté à l’âpreté du thème choisi, et son interprète se montre aussi à l’aise dans sa version acoustique, notamment lors de la très belle introduction du disque. Les claviers sont présents à peu près à part égale et son interprète nous assène une quantité de soli bien fiévreux. L’accordéon sur "roommates", joué d’une façon plaintive et mélancolique à la manière d’un bandonéon, apporte une petite touche "à la française". Très joli passage. Il est amusant de constater qu’aucun élément de comparaison avec tel ou tel autre artiste vienne à l’esprit, ce qui est gage d’une forte personnalité. Le seul parallèle qui me vienne est le groupe allemand, instrumental lui aussi, Inquire. Le seul minuscule point négatif est le court morceau "sons of the empire" constitué en toile de fond de parasites électroniques désagréables accompagnés de bruits de sirènes et de discours furieux déclamés en allemand. Il est vrai que ce passage est censé nous faire réfléchir sur les millions de morts provoqués par cette guerre (c’est le message qui est répété plusieurs fois), mais presque 4 minutes c’est trop long : on zappe ce morceau après la deuxième écoute.
Le livret est très soigneusement illustré et chaque morceau est commenté par un petit texte permettant à chacun de se faire son petit film intérieur pendant l’écoute. On aurait tort de passer à côté de cet album car le travail accompli autant que le thème évoqué méritent le respect. Ce groupe confirme bien son statut de fer de lance de l’écurie progressive française, aux côtés de Nemo. Il y aurait donc bien aussi une french touch en rock progressif, qu’on se le dise.
Michael "dernier des derniers" Fligny
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