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Un petit complément à notre dossier Pink Floyd (Koid9 59 et 58) ...
Ce tribute initié par le label allemand Sysyphus qui édite également la revue Eclipsed n'est pas le plus connu, loin de là ! Par contre il est sans doute un des plus intéressants. Comprenez par là que je suis assez sceptique devant ces avalanches d'albums hommage qui s'échinent à rejouer souvent sans âme et à la note près des titres du passé quand ce n'est pas refaire des albums en intégral ! Je ne leur vois aucun intérêt passé la curiosité de la première (et unique ?) écoute. Autant retourner à l'original, non ? Enfin bon, ce n'est que mon avis ...
Ici la démarche est totalement inverse, en premier lieu par les artistes retenus dont j'avoue n'en connaître que 2 au moment de l'acquisition du cd : Solar Project qui livre une épique version de "Echoes", entrecoupée de relents de "Shine On" et RPWL qui bien sûr fait de "Fat Old Sun" la même chose qu'en ferait David Gilmour lui-même de nos jours, c'est-à-dire une version agréable et bien édulcorée. Pour les autres, tous allemands ou autrichiens me semble-t-il et issus de la scène space-rock, c'était l'inconnue totale et, c'est là le deuxième intérêt de ce tribute, revisitant le répertoire de la première heure Gilmour, c'est-à-dire avant le tournant que va prendre le groupe avec Dark Side Of The Moon.
Seuls échappent à cette règle "Eclipse", justement de DSOTM, par le groupe Masterkey qui, sans une improvisation salvatrice en milieu de titre, aurait été limite hors-sujet dans le contexte, et une version de "Pow R. Toc H." par Invisible Unit toute aussi hallucinée que l'originale, seule oeuvre issue ici des années Barrett.
Le reste puise dans des titres loin d'être les plus commerciaux. Rüdiger Gleisberg ouvre l'album par une relecture très zen de 4mn de "Sysyphus", titre de Richard Wright pas vraiment "facile" tiré du tout aussi déroutant (et toujours opaque pour moi je l'avoue) Ummagumma. Mr. Quimby's Beard dégaine ensuite un "A Saucerful Of Secrets" de l'album du même nom qui ravira tous les habitants de la planète Mars alors que Liquid Visions dépoussière gentiment "Ibiza bar" (de la B.O. de More) à coups de guitares fuzz. Pas vraiment à la mode tout cela, non ?
Mais attendez il y a encore plus "culte". "Baby Blue Shuffle In D Major" ne vous dit sans doute pour la plupart pas grand chose. C'est en réalité une des toutes premières versions de "The Narrow Way" (Ummagumma) que Sula Bassana est allé déterrer je ne sais où et sur laquelle il brode pendant 9 minutes et quelques des sons et une ambiance que ne renierait pas le meilleur Ozric Tentacles je pense. Pour finir Fantasyy Factoryy improvise à son tour sur "Embryo", un titre que seuls les collectionneurs de pirate doivent connaître. En effet le groupe jouait cette pièce pratiquement à chaque concert dans les années 70/71 mais ne l'enregistra pour aucun album. Une version studio est toutefois disponible sur la compilation Works.
Voila donc dans ces 79 minutes 59 rien de bien engageant pour le commun des mortels habitués aux sons bien propres et surproduits de nos années 2000. Mais pour les addicts aux groupes peu respectueux des conventions, cet hommage atteint le but que toute entreprise de ce genre devrait se fixer il me semble : à savoir, respecter l'esprit des compositions originales tout en laissant intact l'esprit de l'interprèteur. Ma culture space-rock psyché en est encore à ses balbutiements mais voici une bonne première liste de groupes comme entrée en matière.
Laure Dofzering
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