3rd World Electric : Kilimanjaro Secret Brew (2009 - cd - parue dans le Koid9 n°72)
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ROINE STOLT CONNECTION
Les Flower Kings sont en sommeil jusqu'à nouvel ordre, nous apprend Roine Stolt. Cela étant dit, on voit mal ses membres prendre des vacances sabbatiques, tant la musique fait partie de leur être. A commencer par Roine lui même qui s'éclate actuellement avec Agents Of Mercy et Transatlantic (voir interview et chronique plus haut)... En réalité, tous les courtisans du royaume fleuri ont une activité parallèle bien garnie. Même le discret chanteur/guitariste Hasse Fröberg vient de fonder un combo heavy prog (Hasse Fröberg and The Musical Companion) dont on attend une première preuve discographique de ses talents solistes. Ce trimestre nous allons nous intéresser à trois albums, plus ou moins reliés à l'univers des Flower Kings.
3rd WORLD ELECTRIC Kilimanjaro secret brew (Reingold Records) Commençons par ce disque à la pochette bigarrée et au titre étrange. Dès le premier coup d'oeil, on voit la filiation avec les Flower Kings, car le trait de crayon de la pochette est réminiscent de celle de "Paradox hotel". Après renseignements, c'est effectivement du même artiste qu'il s'agit, même si le thème de "Kilimanjaro secret brew" rappellerait plus les covers de "Bitches brew" de Miles Davis ou d'"Abraxas" de Santana... De surcroît, à l'écoute il est bien difficile de voir un rapport avec le rétro-prog symphonique des Flower Kings. La musique dont il est question tout au long des 52 minutes (en 7 titres) que compte l'album est du pur jazz-rock fusion, comme en faisaient Weather Report, Return To Forever, Step's Ahead, Mahavishnu Orchestra ou encore Miles Davis durant la seconde moitié des années 70. Ce projet vraiment enthousiasmant vient du bassiste multi facettes Jonas Reingold (Kamakanic, Flower Kings, Midnight Sun...), qui avec son ami Roine Stolt, a eu l'idée de cet album totalement instrumental, syncopé et improvisé, à 10.000 lieues des terres du royaume des fleurs. C'est ici la rythmique et le saxophone qui sont rois, pas la guitare, somme toute assez discrète. Ainsi Reingold s'associe à plusieurs percussionnistes différents comme Zoltan Czorsz (Flower Kings, Karmakanic), Ayi Solomon et le grand Dave Weckl, batteur américain de jazz-rock de renom international, pour un résultat étourdissant. Concernant les saxophones (ténor et soprano), instruments phares de "Kilimanjaro secret brew", Karl Martin Almqvist joue dans un style que ne renieraient pas Wayne Shorter (Weather Report, Miles Davis) ou Michael Brecker (Brecker Bros, Step's Ahead). Il mène la danse, à peine contrebalancé par les synthétiseurs versatiles de Lalle Larson (Karmakanic) et la guitare stridente et épicée de Sir Stolt (magnifique de virtuosité sur "tincan robots"). Si "Kilimanjaro secret brew" est un excellent disque de jazz-rock, il convient d'en minimiser la portée, car 3rd World Electric s'avère en réalité un (génial) plagiaire de ses aînés. Ainsi, "waterfront migration" ressemble beaucoup au "birdland" de Weather Report, tandis que "dowbeat Dakar" est une copie du "jean-pierre" de Miles Davis. Sans être un album impérissable, "Kilimanjaro secret brew" est bel et bien une bouffée d'oxygène pour des musiciens protéiformes et avides de jouer ensemble.
EGGS & DOGS You are (Helicon House Records) Poursuivons avec ce disque à la pochette "amateur" noire et blanche, bien peu engageante en vérité. Un titre d'album - "You are" - enigmatique... Qu'est-ce donc ? Tomas Bodin avait bien sorti un génial "I.A.M", il y a quelques années (en 2005, plus précisément)... Oui, rappelez-vous, un album très long avec seulement 3 morceaux titrés "I", "A" et "M"... Ca y est, vous y êtes ? Est-ce possible que cet ovni "You are" ait un rapport ? Ben oui c'est la suite, mais Bodin a maintenant fondé un véritable groupe pour réaliser ses rêves musicaux. Cela s'appelle Eggs & Dogs... Dans ce projet, on retrouve le guitariste JJ Marsh, collaborateur suédois de Glenn Hughes pendant plus de 10 ans et qui vient de quitter le chanteur/bassiste. JJ était déjà de l'aventure "I.A.M", et il apportait un style et un son heavy rock (façon Blackmore, Page ou Hendrix) à l'ensemble... Marcus Liliequist (ex Flower Kings sur "Paradox hotel") retourne derrière la batterie pour notre plus grand bonheur, car le gaillard n'est pas du genre à plaisanter avec ses baguettes. Efficace et puissant, ce qui ne devait pas plaire au perfectionniste Stolt. Par contre, Reingold et Jansson n'ont pas été reconduits aux postes de bassiste et de chanteur, remplacés par une seule et même personne. Un revenant du nom de... Michael Stolt !! Eh oui, vous avez bien lu, le propre frère de Roine qui avait été évincé des Flower Kings au profit du (beaucoup) plus technique Jonas Reingold ! Du coup, ce Eggs & Dogs prend l'allure d'ex Flower Kings members band. Je ne connais pas quelles sont les relations actuelles entre Roine et ses ex petits camarades (dont son propre frère), mais sa réponse à ma dernière question de l'interview plus haut, m'a laissé pantois. D'abord, il minimise la carrière musicale de son frangin, ainsi que Eggs & Dogs. Etrange... Y aurait-il de l'eau dans le gaz entre Roine et Tomas, son fidèle second ? Ce dernier fera t-il encore partie du futur des Flower Kings ? Rien n'est moins sûr... En tout cas, Tomas ne sera pas au chômage car ce "You are" est l'une des plus belles surprises de cette fin 2009 en ce qui me concerne. Dommage qu'il sorte sur un label inconnu... On y découvre un groupe -apparemment - soudé (même si Roine Stolt affirme que les 4 musiciens ne l'ont pas enregistré ensemble) avec des compositions superbes, à la fois très mélodiques, aventureuses et puissantes. Il s'agit bien de rock progressif grandiose dans la grande tradition des Flower Kings, mais sans le foutra jazz-rock qui avait ces dernières années tendance à diluer son propos. JJ Marsh, seul membre à n'avoir jamais fait partie des Flower Kings, apporte ses influences bluesy et hard rock classique, permettant à Eggs & Dogs de sonner à la fois comme Pink Floyd et Deep Purple. Quant à la voix de Michael Stolt, il s'agit tout bonnement de la grande révélation du disque. Déjà nous ne savions pas qu'il savait chanter, mais sa voix est vraiment superbe : charpentée et virile un peu comme celle de David Gilmour, mais en beaucoup plus belle, bourrée d'émotion. Chaude et profonde, elle vient du coeur et de l'âme ! Mais bon sang, pourquoi ne nous l'avait-il cachée ? Il nous fait même le coup des choeurs polyphoniques à la Queen (avec imitation de trompettes en accompagnement) sur le délirant "dad is coming home". Géant !! "You are" est encore plus long que "I.A.M" : 77mn en seulement 7 compositions dont un "flood" de 12mn, un "dad is coming home" de 11mn et un "silicone bimbo run" de 21mn !! L'album est truffé de gimmicks sonores, de courtes narrations marrantes. Plus je l'écoute et plus je l'aime et je dirais qu'il me fait l'effet inverse d'un disque des Flower Kings ou de Transatlantic qui impressionne au départ mais dont ne réussit jamais à faire le tour, faute au manque de points d'ancrage. Au contraire, "You are" s'insinue en moi pour ne plus me lâcher. Tout est là pour me satisfaire : que ce soit au niveau du son (les claviers divers et variés de Bodin), du ton (la puissance de Marsh et de Liliequist), l'émotion (les voix gorgées de spiritualité de Michael Stolt), les mélodies... Un seul conseil : FONCEZ !!!!!!!!!
SUPERNAL ENDGAME Touch the sky – Volume 1 (Inner Man Productions) La pochette est moche, le logo du groupe illisible : ils ont essayé de faire en sorte qu'on puisse le lire à l'endroit comme à l'envers. Résultat : on y arrive ni d'un côté, ni de l'autre ! Face à un tel amateurisme, j'étais à deux doigts de massacrer le disque ! Bon faudrait p'tet que je l'écoute avant, quand même... Et là : la claque ! Une grosse, mais alors une très grosse baffe, celle qui vous scotche au plafond !! Et ce, pendant toute l'écoute de "Touch the sky". Du coup, je l'ai touché, le ciel, et pas qu'un peu... Je vais tout de suite évacuer la relation que ce groupe originaire de Dallas entretient avec les Flower Kings : Roine Stolt joue sur l'un des 14 morceaux et Supernal Endgame a repris un de ses morceaux pour un tribute à paraître en 2010. Voilà, pas plus que cela, mais Supernal Endgame n'est pas pour autant un copiste du combo suédois. Certes, son propos est résolument progressif symphonique, mais c'est à l'école américaine -celle des GlassHammer, Neal Morse, Cryptic Vision, Salem Hill...- qu'il appartient. Bien entendu, il s'agit d'un groupe chrétien (comme bon nombre de ses contemporains) et "Touch the sky" est en fait un recueil de prières où les mots "Jesus", "God", "Pray", "Salvation", "Joy"... reviennent régulièrement. Mais franchement, ça ne me gène pas du moment où ça ne chante pas en français. Ce disque de 78mn est vraiment captivant de bout en bout et l'on sent une maîtrise parfaite des musiciens qui sont loin d'être des jeunots. John Eargle (guitare électrique, claviers, basse et chant), Rob Price (chant, batterie, claviers et guitares acoustiques) et Don Bonneroy (guitares, mandoline, claviers et choeurs) ont chacun la cinquantaine bien tassée et une solide expérience de multi instrumentistes derrière eux. En effet, ils jouent plus ou moins ensemble depuis plus de 20 ans, bien que le projet Supernal Endgame ne date "que" de 2000. Plein d'invités sont venus leur préter main forte, comme Randy George (basse) du groupe de Neal Morse, Tom Jodziewicz et Tommy Narvarte aux claviers. "Touch the sky" flirte avec la néo et l'AOR, mais c'est du côté de Kansas qu'il faut chercher la plus grande filiation, car c'est truffé de soli de violon plus excitants les uns que les autres. Pour ce faire, pas moins de 3 intervenants sur cet instrument : Brad Bibbs, Katie Price et Randy Lile !! Un fifre donne également une petite couleur celtique de temps à autre. Eargle et Price se partagent les lignes vocales et leurs voix (la première grave et éraillée et la seconde claire et haute) se complètent à merveille comme chez Styx (James Young et Tommy Shaw), Kansas (Robby Steinhardt et Steve Walsh) ou Journey (Gregg Rolie et Steve Perry) en leur temps ! Pour moi qui aime ces trois groupes, ainsi que des choses plus progressives comme Yes ou Curved Air, Supernal Endgame est un don du ciel. Merci à Dieu de m'avoir permis de le découvrir...
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