Alchemist : Tripsis (2007 - cd - parue dans le Koid9 n°65)

Est ce vraiment une bonne idée de vous entretenir de ce CD ? Pas de doute qu'une majorité d'entre vous adorera l'intro mélodique et "devintownsendienne" de "wrapped in guilt" qui ouvre l'album. Problème ... c'est qu'à la 39ème seconde le ... hum ... chant apparaît ! Et là, tout à coup, c'est un peu l'apocalypse qui s'invite dans votre salon ! J'imagine bien les yeux prêts à jaillir de leur orbite et injectés de sang de notre brave Hub, suppliant que la douleur s'arrête.

Pour être honnête, cet album renferme à peu près tout ce qui me tape également sur les nerfs actuellement : la vitesse, la double grosse caisse ultra typée power prog metal et la voix entre trash et death. Et pourtant j'adore ça ! Va comprendre ! L'éternelle démonstration de l'adage qui veut qu'une règle a toujours son exception. Alors je me dis que si ça l'a fait pour moi, pourquoi pas vous ?

Ce 6ème album du quintet australien pourrait donc être prog metal, tendance power-speed. Le clavier et les 2 guitares dégagent une puissance phénoménale tout en restant relativement clairs et limpides. J'entends par là que le son n'est pas hyper gras et sale comme du neo-metal ou du death. Par contre, effectivement, la voix de Adam Agius (également guitariste) en horrifiera plus d'un. Le monsieur n'a pas l'air de bonne humeur et il le fait savoir. Toutefois c'est à mon avis ce qui fait l'originalité de ce combo sur lequel il devient alors bien délicat de poser une étiquette complètement réductrice puisque des éléments aussi divers que des relents psychédéliques, des rythmes moyen-orientaux et une instrumentation speedo-progressive se cotoient et se télescopent en permanence, le tout dans une ambiance furibarde.

Relapse, label spécialisé dans le metal/noise extrême, a collé un petit sticker : "for fans of Opeth, Neurosis, Cult Of Luna, Voivod and Strapping Young Lad". Tout un programme ! Non, ne partez pas ... car plus que SYL je pencherais plutôt vers un Devin Townsend en solo dans ses moments de furie, tout en copulant avec du bon Nevermore. Le parallèle avec notre canadien fou me semble inévitable tant l'emphase sonore est similaire, la clareté des instruments en plus car chez Townsend il est quand même souvent bien difficile de distinguer les instruments dans le magma qui sert de toile de fond. Alchemist évite ce travers et sait surtout rester sobre et efficace : tout est dit en 43mn de secousses telluriques. Au-delà c'eut été indigeste.

Laure Dofzering






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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