Albion : Broken Hpopes (2008 - cd - parue dans le Koid9 n°66)

Contrairement à ce que pourrait indiquer son nom, Albion est un quintet polonais né au début des années 90, pur produit néo-progressif et imbibé d’illustres références dont la plus marquante reste Marillion. "Broken hopes" est le quatrième album du groupe et le second après que "Wabiac cienie" a rompu en 2005 un long silence de dix années.

Autant le dire tout de suite, cette galette est dans la mouvance la plus traditionnelle du genre  : jolies progressions, mélodies agréables, mais des rythmiques plutôt linéaires et assez peu de tiroirs ni de grosses cassures. Vos neurones seront au repos durant tout l’album… ce qui n’est parfois pas si mal. L’album est facile d’abord, très (trop  ?) cool et mélancolique, il peut proposer aux non initiés un accès idéal à la prog. La voix de Katarzyna Sobkowicz-Malec est séduisante et douce, même si elle laisse apparaître parfois les limites de son registre(rien de rédhibitoire, sauf le fait de vouloir à tout prix chanter en anglais… mon Dieu quel accent  !) et les guitares de Jerzy Antczak, qui n’est pas Rothery tout de même, nous servent un jeu clair et aéré dont l’affiliation au père est évidente. Pour les amateurs de claviers comme moi, les nappes et les soli de Krzysztof Malec sont bien présents, dommage que certains sons apparaissent à certains moment un peu cheap.

Hormis ces détails, on se sent vraiment bien dans cet album, à commencer par "the place", longue plage de près de 12 minutes aux sonorités parfois floydiennes, notamment dans la seconde partie du long pont central et son solo de guitare sur fond de nappe d’orgue Hammond. Bien vue l’intervention finale du sax  ! Cet épic présente une progression variée et agréable, bref, une bonne entrée en matière. Il enchaîne sans rupture sur un "once upon a time" hypnotique, à la rythmique électronique, lancinante et répétitive, cette rythmique d’ailleurs un peu envahissante que l’on va retrouver trop souvent à mon goût, et notamment sur "I am" et "turks fruit". Sont-ce les sons utilisés ou la répétition du thème, le fait est qu’on est bien heureux d’entendre revenir la batterie acoustique de Rafal Paszcz.

Première rupture dans l’enchaînement des titres, "this is it" est une sorte d’errance guitaristique slammée sans véritable thème musical qui ne décolle pas vraiment, ce qui n’est pas le cas avec "angel". Après une belle intro lyrique et ambitieuse, ce morceau va nous réveiller un peu tout ça grâce au contraste rythmique qui existe entre ses couplets et ses refrains. Enfin un peu de souffle dans cet album jusqu’ici très atmosphérique. Viennent ensuite deux ballades plus convenues (quoique l’usage surprenant du bottleneck dans "turks fruit" fasse oublier les gimmicks répétitifs de la guitare de "I am") et nous arrivons à "this is the way where we go", long instrumental de plus de 8 minutes qui nous fait parfois penser à un certain chameau. Cet exercice pourtant difficile est plutôt bien transformé. Intéressant et gradué, il manque juste d’un poil de souffle et d’ambition au niveau de la composition (n’est pas Camel qui veut) mais nous en donne quand même pour notre argent, notamment quand sa rythmique se réveille à la 6ème minute.

En résumé, cet album qui reste un peu en dedans est malgré tout rempli d’un charme qui le rend extrêmement attachant, et on se surprend à le re-glisser dans la platine. Pour le reste, il faut vraiment laisser tomber les percus électroniques, notamment sur les intros, la musique y gagnera en souffle et nous en intérêt.

Dominique Jorge






Cet article provient de Koid'9 magazine rock & progressif

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