(collectif) : The Colossus Of Rhodes (2005 - 2cd - parue dans le Koid9 n°54)
Coproduit par Musea et Colossus, voici donc après "Kalevala" et "The spaghetti epic", un nouveau concept album basé sur l'une des sept merveilles du monde, et plus précisément sur le péplum qu’en a réalisé Sergio Leone.
Double album, 3 groupes par disque et comme d’habitude, obligation de sonner seventies et d’offrir des morceaux entre 20 et 30 minutes. Comme souvent dans ce genre d’entreprise le très bon côtoie le moyen. Néanmoins quand vous aurez fini d’écouter "un pensiero a sempre libero" de Leviathan, la première plage, vous ne regretterez en rien votre achat.
Une belle intro avec une flûte pour planter le décor, puis une superbe envolée de piano 70s et la voix du nouveau chanteur Paolo Antinori est bien en place, chaude et émouvante, et roulant même les "r". Ce moment bascule à 5:50 dans un développement jazz-rock, une super basse, des guitares dignes de Hackett ("the steppes"), puis frippiennes. Super ambiance, Banks adorerait ces nappes de claviers. A 13:04 Leviathan retrouve sa personnalité italienne, un coté baroque et classique et son superbe piano. On dirait du Branduardi sous amphétamines.
Les albums de Leviathan sont suffisamment difficiles à se procurer pour ne pas vous priver de ça !! Douceur, emphase, efficacité, chaleur, modernité (malgré la figure imposée 70s). Chapeau !! On retrouve cette modernité à 17:15 : une rupture avec des sonorités de claviers plus actuelles et une atmosphère plus planante et plus néo, de magnifiques guitares déliées et fluides, chaque musiciens ayant son heure de gloire dans ce morceau qui va crescendo en puissance et se termine comme au début par la flûte et le bruit de la mer. 26:30 ; un must !!
Les italiens de Greenwall font descendre le propos d’un cran avec " the secret passage".
Les cors en intro (péplum oblige), puis la force des violoncelles (ah Apocalyptica !) laissent place à un développement de claviers analogiques bien seventies. La suite est parfois facile voire stérile même si il y a plein de bons passages très différents. Ainsi le médiéval côtoie un jazz-rock d’époque (Farfisa), un piano bucolique et de beaux clavecins, des harpes et des hautbois, et se répondent le chant féminin et italien de la principale compositrice Andrea Pavoni à une voix masculine et en anglais.
La fin est plus enlevée et grandiloquente malgré les trois dernières minutes du piano solo.
Je serais meilleur conseiller en vous disant de privilégier plutôt leur dernier album fraîchement sorti : "From the treasure box".
Pour moi avec Sinkadus, il ne se passe jamais grand chose et là re-belote avec ce "god of silence" : tempo lent, climat linéaire, on croit que ça va démarrer et puis non. Ceux qui aiment Anglagard et toute cette mouvance, c’est bon pour eux moi j’ai du mal.
Enfin à 12:00, un moment hackettien mais pas suffisamment développé, Sinkadus retombe dans ses travers de facilité et de lenteur même si l’ensemble sied bien à une musique de film, sous-entendu d’un long passage où l’action serait peu présente et nécessiterait seulement un habillage musical pour présenter les cadres du film. A 17:50, de supers samples de mellotrons des débuts de Genesis et même de "The lamb" jusqu’au final ; le meilleur pour la fin.
Avec "come vento torniero" Mad Crayon offre une pièce pleine de thèmes riches et différents, vraiment très intéressants, mélangeant saveurs 70s et d’autres plus modernes ; le début, plutôt jazz-rock, laisse place à un imposant progressif porté par une voix toute aussi imposante. Les passages calmes et acoustiques s’opposent à de beaux moments de claviers, parfois assez génésisiens d’ailleurs. C’est un excellent morceau qui correspond bien à l’idée que l’on se fait du progressif italien. On peut dire que c’est l’autre vrai grand moment de ce double CD avec l’incontournable Leviathan, et il n’est pas réservé aux seuls amateurs du très bon "Diamenti".
Velvet Desperados est un groupe italien dont je ne sais rien et comme par hasard c’est la moins bonne plage du projet ! Etonnant non !? Toutefois cela commence pourtant bien avec une belle intro au piano et au violoncelle qui me fait d’ailleurs penser au générique de "l’homme de l’Atlantide" et cela colle en tous cas bien à l’imagerie du colosse de Rhodes. Le début possède des cuivres à la VDDG et ce morceau est peut-être celui qui sonne le plus 70s : vieilles sonorités et mix de plein de vieux trucs comme Uriah Heep, Pink Floyd, Doors, etc…
C’est une mise bout à bout de thèmes courts et plutôt calmes ; cela respecte finalement bien le cahier des charges quand même, le passage de 8:00 à 10:00 collant bien aux images d’un péplum (olifants). Il y a néanmoins un long moment bluesy peut-être hors de propos ici, même s’il est très bon ( avec le même sax que dans "animals de Pink Floyd).
S'ensuit une période soporifique. Ça traîne en longueur, ça n’en finit plus de finir, l’essentiel ayant été dit avant, le reste est réellement superfétatoire.
A Revelation de clore cette histoire pour la plage la plus longue de ce "Colossus of Rhodes" du haut de ses 29:25. Il y a quelque chose des premiers Arena avec un son de Steve Hackett période "spot the pidgeon", également du Genesis version "And then there were three" avec une alternance de bons passages dominés par la guitare et d’autres par le piano ou les claviers qui parviennent à créer une vrai profondeur "génésisienne". Curieusement même avec de nombreuses guitares à la IQ. C’est sans doute, des 6 morceaux, le moins hors-sujet quant au postulat du projet (à savoir rappelons-le, le péplum de Sergio Leone). Mellotron grandiose, flûte, claviers, tout rappelle la bande de Charterhouse, et c’est bluffant quant à la composition.
L’axiome de base de ces projets est d’avoir toujours un son 70s et à cet égard ce morceau est vraiment représentatif de ce qu’on attend ; il est même le meilleur que The Watch n’ait jamais fait !
Ah bon ! Mais c’est Revelation, c’est pas The Watch !
Je me disais aussi!!
Une guitare acoustique à la Anthony Phillips pour finir et une réelle rivière de plaisir jusqu’à la fin, pour un objet assez attractif l’un dans l’autre, dépêchez vous de l’intégrer dans votre médiathèque mentale car bientôt les marchands du temple dont nous dépendons tous vont venir nous titiller les neurones avec leur nouvelle sollicitation, en l’occurrence "l’odyssée d’ Homère" avec entre autres Minimum Vital. A bientôt donc pour de nouvelles aventures…
Bruno Cassan |