Ken Baird : Martin Road (2004 - cd - parue dans le Koid9 n°50)
10 pièces pour 54 minutes constituent ce 4ème album de Ken Baird dont on peut dire que son surnom de "Oldfield canadien" ne pourra pas s’appliquer sur cette œuvre, la seule référence au créateur d’ "Islands" ne se retrouvant que sur la partie guitare de la dernière minute du final enlevé du premier morceau. Celui-ci "brave Anne" s’articule surtout autour d’un piano, d’une flûte et de la voix de Ken, qui, si elle est sans prétention, a au moins le mérite d’être juste. (Je suis d’accord, même Steve Howe a fait des progrès).
Il s’en dégage une atmosphère intimiste que vient renforcer "window" dont son introduction vocale nous plonge dans un univers gabrielien à la "humdrun". Rappelons que notre ami, outre les guitares et la voix, se charge également des claviers et du piano dont c’est l’instrument de prédilection, outil qui, par nature se prête à merveille à l’élaboration de ces climats intimistes.
Avec "she takes one step", les impressions précédentes s’affirment davantage, même si on rentre plus dans un schéma "chanson" ; on a l’impression de quelque chose de "daté", comme à la charnière 1969/70 où ce format voulait s’émanciper et s’écarteler.
Et l’on se dit que l’ensemble du disque sera sûrement du même tonneau, à savoir, une absence d’ambition symphonique, mais peu importe, plutôt de quelque chose qui "va bien", sans prise de tête, grâce à ce décalage temporel de quasiment 35 ans.
"Drowing water" voit l’apparition de John Mamone à la basse . C’est un morceau calme comme le reste, mais avec de nouveaux sons intéressants à la guitare, à la batterie et même la voix fait l’effort de changer de registre, l’ensemble offrant une différence de ton d’avec les autres morceaux, plus proche d’une connotation "Marillion" telle que pratiquée dans le dernier Like Wendy.
"In between a home" s’enorgueillit d’un magnifique piano à la "one for the wine" et d’une douze cordes et renvoie aux atmosphères créées lors des 2ème et 3ème morceaux. En fait, ces constructions simples et patinées que j’évoquais auparavant, bon sang mais c’est bien sûr ! ! C’est Charterhouse ! C’est "from Genesis to revelation" ! Ces mélodies à deux faces tantôt bon enfant, tantôt mystérieuses, voilà ce vers quoi tend Ken Baird sur cet album. D’ailleurs, sur "outside" on perçoit quelque chose de "Smallcreep’s day" de Mike Rutherford. En fait, ce type a le chic pour s’accaparer des sonorités ou des couleurs de la sphère "Genesis", et sait capter les atmosphères de cet univers musical (celui des débuts).
Les 7ème et 8ème plages ont un côté plus "camélien", plutôt "Stationnery traveler" pour le 7ème et si Ken Baird n’a pas une voix extraordinaire, il sait adopter le timbre qu’il faut pour coller au message émotionnel de la musique.
Le neuvième et qui donne son titre à l’album débute par un monstrueux piano banksien, qui s’il devient un peu facile ensuite, laisse la place à une éjaculation de claviers et de guitares pour le passage le plus symphonique de l’album.
Signalons les divers intervenants : Chris Lamont (drums sur 7 des 10 morceaux), Susan Fraser (back vocals), Dino Verginella (bass sur 2 morceaux) et Jacob Moon aux guitares à qui Ken Baird laisse le soin de clore l'album avec "victoria day" de façon acoustique.
Une œuvre dont l’ambition n’est que dans la simplicité et la beauté et qui est incontestablement réussie en ce sens, j’ai peur néanmoins que le manque de consistance, de densité d’ensemble fasse que l’on n’y revienne pas aussi souvent qu’il faudrait.
Note : 3/5
Bruno Cassan |